Ségur de la santé : "Les lits à la demande, c'est parfait pour les vacances", "mais il y a un problème structurel", estime André Grimaldi
Le co-fondateur du collectif Inter-Hôpitaux a réagi mardi sur franceinfo aux annonces du ministre de la Santé, Olivier Véran, lors des conclusions du Ségur de la santé.
"Les 4 000 lits à la demande, saisonniers, c'est parfait pour les vacances d'un côté, la grippe de l'autre. Mais il y a un problème structurel", réagit mardi 21 juillet sur franceinfo André Grimaldi, professeur émérite de diabétologie à la Pitié-Salpêtrière à Paris et co-fondateur du collectif Inter-Hôpitaux, aux annonces du ministre de la Santé. Olivier Véran a retenu 33 propositions pour améliorer le fonctionnement et l’organisation du système de santé français, et notamment la création de 4 000 lits d’hôpitaux à la demande.
"On a abîmé l'hôpital"
Il rappelle les suppressions de lits envisagées à Caen ou à Paris avec la fusion des hôpitaux Bichat et Beaujon. "Est-ce qu'on fait un moratoire sur les projets qui ont été bâtis sur la diminution des lits ?", interroge André Grimaldi, qui refuse qu'il y ait "des gens qui passent des heures et des heures sur des brancards parce qu'on ne trouve pas de lits, et que les professionnels passent des heures et des heures à chercher un lit". "On a diminué les lits pour forcer à la médecine ambulatoire. On n'a pas construit suffisamment la médecine de ville. Par contre, on a abîmé l'hôpital", regrette-il.
"Les mots" du ministre de la Santé "sont agréables à entendre", reconnaît André Grimaldi, qui reste néanmoins sur ses gardes. Olivier Véran "a été touché par le Saint-Esprit. Il y a eu le Covid. Il y aurait eu un petit mea culpa, on se dirait 'on va les croire'. Là, il y a un fort doute, quand même", déclare le médecin, qui rappelle notamment que l'actuel ministre de la Santé "a fait voter un budget qui demandait 800 millions aux hôpitaux pour 2020" lorsqu'il était rapporteur général du budget de la sécurité sociale.
"Il y a aussi un problème de financement"
André Grimaldi se dit "très content" de la volonté du ministre de la Santé de donner davantage de pouvoir de décision à ceux qui soignent. Mais "si on vous dit que l'infirmière de votre service part demain dans un autre service, ou que ce n'est pas vous qui êtes responsable de son embauche, votre pouvoir est dérisoire", remarque-t-il. "Il y a aussi un problème de financement", signale le professeur émérite en diabétologie. "Si vous êtes sur des tarifs, vous pouvez mettre un médecin ou un directeur, ce sera pareil. Ils font des tarifs, ils font comme une grande surface", explique celui qui souhaite "une co-gestion réelle".
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