Noël au temps du Covid : une année "particulièrement difficile", selon le Secours populaire qui appelle à "une solidarité absolument indispensable"
Avec la crise sanitaire du Covid-19, le nombre de personnes en situation de précarité explose et les fêtes de fin d'année s'annoncent donc "particulièrement difficiles". Pour y faire face, le Secours populaire tente d'apporter un "soutien aussi intense que possible en cette période", partout en France.
Pour les personnes isolées, les personnes âgées ou les personnes en situation de précarité, ce Noël 2020 est "particulièrement difficile", a souligné vendredi 25 décembre sur franceinfo Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire. Elle en appelle à une "solidarité absolument indispensable" car, avec la crise, "il y a dans notre pays aujourd'hui des centaines de milliers de personnes qui ne savent pas de quoi demain sera fait". Elle tient par ailleurs à souligner l'"immense générosité" qu'elle constate notamment de "l'ensemble du monde du travail".
franceinfo : La solitude, notamment pour des personnes âgées, des personnes en situation de précarité, ou tout simplement des personnes isolées, c'est d'autant plus difficile à Noël ?
Henriette Steinberg : C'est particulièrement difficile à Noël. C'est particulièrement difficile cette année parce que ça s'ajoute à de longs moments de solitude de ces dernières semaines et de ces derniers mois. Pour ce qui concerne le Secours populaire, nous nous sommes efforcés d'être aussi prêts que possible d'aller aussi aux domiciles, de rencontrer les personnes chaque fois que nous avons pu le faire. Mais nous mesurons la détresse, et je pèse mes termes, des personnes qui sont isolées parce que leurs conditions matérielles de vie font qu'elles n'ont personne autour d'elles qui peuvent les soutenir. Et nous savons aussi qu'il y a beaucoup de personnes qui, de surcroît, n'ont pas de domicile ou ont des domiciles erratiques. Ce qui se traduit pour le Secours populaire par un soutien aussi intense que possible en cette période. Et nous le faisons sur toute la France.
Est-ce que c'est pire cette année que d'habitude ?
Oui, c'est pire cette année que d'habitude. On peut dire que, comme d'une façon générale l'ensemble de la population est plutôt morose, finalement, ce n'est pas pire. Mais dans les faits, c'est beaucoup plus profond. Cela veut dire aussi que le climat autour est compliqué pour les gens qui sont déjà en difficulté. Pour ce qui concerne le Secours populaire, cela s'est traduit - et ça va encore se traduire dans les jours qui viennent - par une mobilisation considérable sur l'ensemble du territoire, en appelant les uns et les autres à ne pas détourner le regard, à regarder l'autre et à voir comment il est possible de le soutenir par un sourire, par quelques mots, par la remise d'un repas chaud, par la remise d'un objet, quel qu'il soit, mais qui témoigne de l'amitié et de la sympathie qu'il a pour nous et que nous avons pour lui. C'est pour nous quelque chose de tout à fait essentiel. Dans cette démarche, je dois souligner l'effort considérable des restaurateurs qui vivent une situation pas possible, et en particulier des chefs étoilés qui, dans de très nombreux lieux sur le territoire, préparent des repas particuliers spécifiques que l'on peut porter au domicile des personnes qui sont seules.
Est-ce qu'il est exact, comme le disait le numéro un du Parti communiste, Fabien Roussel, qu'une personne sur deux qui arrive au Secours populaire aujourd'hui n'était jamais venue auparavant ?
Malheureusement, si je puis dire, ce qu'il dit est exact. Et les personnes qui viennent au Secours populaire, qui viennent nous rencontrer partout où nous sommes, sont des personnes qui, pour l'écrasante majorité d'entre elles, n'ont jamais imaginé qu'elles auraient besoin du Secours populaire. Il y a des catégories de populations qui travaillaient hier et qui ne peuvent plus travailler aujourd'hui, et des catégories de populations qui étaient soutenues par leurs familles et dont les familles elles-mêmes rencontrent des difficultés qui ne peuvent plus les soutenir. Cela concerne en particulier les étudiants. Et là, effectivement, il y a des personnes qui ont perdu leur travail, bien plus que ce qu'on dit, parce la perte du travail dans des toutes petites entreprises, ou pour des tâches qui étaient des tâches d'intérimaires, ou fractionnées, ou à temps partiel, ou plusieurs temps partiels, tout ceci n'est pas comptabilisé de façon facilement identifiable. Mais en tout cas, ça se traduit par le fait qu'il y a dans notre pays aujourd'hui des centaines de milliers de personnes qui ne savent pas de quoi demain sera fait. Et nous pensons que la solidarité est absolument indispensable.
Est-ce que les dons que vous recevez ont baissé ou y a-t-il un élan de générosité ?
Ils n'ont pas baissé. C'est l'inverse. Il y a dans notre pays une immense générosité. Et nous ne pouvons que remercier tous ceux qui se rendent compte de l'urgence de la situation et qui versent généreusement aux associations en général et au Secours populaire en particulier. Il y a une énorme générosité. Et cette générosité est celle de personnes, d'individus. Elle est aussi d'associations, de fondations, mais elle est très largement d'entreprises et de grandes entreprises, comme de petites entreprises comme de moyennes entreprises. L'ensemble du monde du travail se préoccupe de la vie des autres.
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