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StopCovid : une application "dangereuse et inutile", estime le député Éric Coquerel

Le député de La France insoumise considère qu'"on a l'impression que le gouvernement agit à contretemps et de manière dangereuse".

Article rédigé par franceinfo, Jean-François Achilli
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le député de La France insoumise, Eric Coquerel, à l'Assemblée nationale à Paris, le 8 mai 2020 (photo d'illustration). (THOMAS SAMSON / AFP)

Éric Coquerel, député La France insoumise de Seine-Saint-Denis, participait aux débats et au vote à l'Assemblée nationale concernant l'utilisation de l'application de traçage StopCovid mercredi 27 mai. Il s'insurge contre un dispositif qu'il juge "dangereux et inutile". L'application a finalement été approuvée à 338 voix contre 215 avant un vote au Sénat attendu dans la soirée de mercredi. Interrogé par franceinfo, Éric Coquerel considère que "le jeu n'en vaut pas la chandelle".

franceinfo : Que reprochez-vous à l'application StopCovid ?

Éric Coquerel : Tout simplement, elle est inutile et dangereuse. Inutile parce que si l'on en croit les derniers chiffres, l'épidémie en France "va mieux". Donc prendre le risque d'un traçage numérique de ce type, qui n'est jamais anodin, ne sert à rien. Il y a eu pas mal d'études internationales qui montrent que ça n'a pas eu un rôle efficace pour lutter contre l'épidémie. Et dangereuse parce que tout ce qui concourt à ficher et tracer numériquement nos concitoyens est dangereux pour nos libertés individuelles. Le jeu n'en vaut pas la chandelle.

Pour vous, cette application arrive trop tard ?

Oui, je trouve que le gouvernement a toujours été à contretemps. Il n'a pas produit assez de masques ou de tests. On a l'impression qu'il agit à contretemps et de manière dangereuse. Peut-être que l'épidémie est saisonnière, c'est ce que j'espère, attendons quelques jours pour le confirmer. Je ne vois pas du tout l'utilité de mettre en place quelque chose. Il ne faut pas oublier que nous sommes en État d'urgence actuellement. Une loi d'exception qui réduit déjà des libertés. Nous avons institué le premier fichier médical qui fiche non seulement les malades, mais aussi leurs contacts. Nous mettons en place maintenant ce traçage numérique. Je trouve que c'est le dessin d'un monde qui est dangereux, celui des fichiers et du contrôle numérique.

Pour vous, cela va trop loin ?

Oui, et à part La République en marche, nous sommes tous d'accord, des Républicains aux insoumis en passant par le Parti communiste et le Parti socialiste, il y a vraiment très peu de gens autour du gouvernement. Peut-être seront-ils majoritaires numériquement, mais politiquement je pense qu'ils sont minoritaires pour imposer ce StopCovid.

Le secrétaire d'État Cédric O parle de volontariat et de dispositif temporaire. Il y a tout de même une inquiétude quant au risque d'un stockage des données ?

Bien sûr, à partir du moment où l'on nous espionne numériquement, on ne sait pas ce qui peut être utilisé. On sait très bien que des fichiers ont été à certains moments dévoyés depuis des années et parfois même piratés, donc encore une fois il faut toujours prendre des précautions. Je ne suis pas d'accord avec la logique qui serait de dire "puisque nous sommes espionnés par Facebook et d'autres sites internet ou logiciels, un de plus, quelle importance ?" Non, car celui-ci nous allons le voter, il a donc une importance particulière. Il y aura peut-être d'autres épidémies à l'avenir. Je pense que l'on met le doigt dans un engrenage dangereux et qui est inutile. L'opération Bluethooth est une technique qui permet difficilement de suivre vraiment les contacts. En plus de cela, pour les personnes âgées, il y a une inégalité puisque ce sont celles qui sont les moins équipées en téléphone de ce type.

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