Télétravail : "La France est à la traîne par rapport à ses voisins européens", selon une enquête de l'Ifop
Les managers français ne font pas confiance aux salariés, explique le co-auteur d’une enquête sur le télétravail en Europe. De plus, certaines entreprises accusent du retard dans la digitalisation de leur activité.
En matière de télétravail, "la France se situe à la traîne par rapport à ses voisins européens", a indiqué mercredi 12 janvier sur franceinfo Romain Bendavid du département opinion de l’Ifop, co-auteur d’une enquête sur le télétravail en Europe pour la fondation Jean-Jaurès. "En France, vous avez 34 % de la population active qui déclare télétravailler. C'est le double en Allemagne, 56 % en Italie, 43 % en Espagne et 50 % au Royaume-Uni", a-t-il détaillé, précisant que cette enquête a été réalisée avant les mesures gouvernementales entrées en vigueur fin décembre début janvier pour renforcer le télétravail afin de lutter contre le Covid-19.
Le management "vertical" à la française en cause
"On avait déjà un retard par rapport à l'Allemagne et le Royaume-Uni avant même la crise sanitaire", a nuancé Romain Bendavid. Selon lui, cela s'explique par le système managérial "vertical" à la française qui est "moins dans l'autonomie et dans la confiance".
"En France, il y a un besoin de contrôle qui est très important et une confiance qui met du temps à s'instaurer."
Romain Bendavid, co-auteur d’une enquête sur le télétravail en Europeà franceinfo
"Il ne faut pas oublier non plus que 30 % des actifs seulement sont éligibles au télétravail", a-t-il relativisé estimant que "ce qui est important c'est la fréquence du travail de ceux qui le peuvent".
"L'autre retard de la France" est, selon lui, "lié à la digitalisation de ses activités". "On a vu au début de la crise sanitaire que beaucoup de TPE n'avaient pas digitalisé leurs activités, notamment pour la vente, et ne pouvaient pas se mettre en télétravail. On a vu aussi de grandes difficultés pour les salariés de s'adapter par manque de matériels, la fibre et le numérique", a-t-il énuméré. "C'est un écosystème beaucoup plus large qui permet d'expliquer pourquoi, culturellement, la France est beaucoup plus en retard que ses voisins européens", a insisté Romain Bendavid, malgré "l'accélération" contrainte par la crise sanitaire.
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