Tour de France : "Je n'y crois pas pour la fin du mois de juin et de juillet, ce sera plus tard dans l'été", affirme le manager de l'équipe Groupama-FDJ
Marc Madiot estime qu'il faut être "réaliste" sur la tenue de la Grande Boucle et il lui "semble difficile" de mettre en place un huis clos.
Reporté en raison de l'épidémie de coronavirus, le Paris-Roubaix devait se tenir dimanche 12 avril. Depuis sa création en 1896, cette épreuve cycliste n'avait jamais été reportée ou annulée, mis à part lors des deux guerres mondiales. La question se pose pour le Tour de France. "Je n'y crois pas pour la fin du mois de juin et de juillet. Je pense que ce sera plus tard dans l'été", a expliqué, dimanche sur franceinfo, Marc Madiot, manager général de l'équipe Groupama-FDJ, président de la Ligne nationale de cyclisme.
franceinfo : Le directeur du Tour de France envisage un huis clos pour ne pas annuler la course. Qu'en pensez-vous ?
Marc Madiot : Les conditions ne seront pas celles que nous connaissons habituellement, il faut être réaliste par rapport à ça. Qu'il y ait des aménagements pour permettre à l'épreuve de se dérouler dans les meilleures conditions possibles, tout le monde y sera favorable. Un huis clos total par rapport au public cela me paraît difficile à envisager notamment dans la partie technique de cette mise en place. Il me semble difficile, et délicat sur 4 000 km de course, d'empêcher la présence du public à un moment ou à un autre.
Qu'est-ce qui serait le mieux ?
Il faut plutôt espérer une régulation de l'état sanitaire pour envisager un Tour de France dans les meilleures conditions possibles dans un temps assez proche, mais je n'y crois pas pour la fin du mois de juin et de juillet. Je pense que ce sera plus tard dans l'été. Il faut d'abord sortir de la période que nous connaissons et envisager un calendrier qui pourrait permettre aux athlètes de s'entraîner et de se remettre en condition pour participer à un éventuel Tour de France. On ne prend pas le départ du Tour de France sans préparation physique et sans compétition préalable.
Qu'attendez-vous du gouvernement ?
On attend des annonces surtout que nous sommes projetés dans un calendrier, un compte à rebours potentiel de reprise d'entraînement et de compétitions. Là, on est dans un flou total contraint et forcé par la situation que nous connaissons. Ce qui est plus important c'est de se projeter pour demain et après-demain. Psychologiquement, c'est important. Quand on a des sportifs de haut niveau c'est encore plus important parce qu'il faut travailler le physique et le mental pour être prêts à reprendre. La nécessité d'avoir un calendrier le plus précis possible est donc quelque chose d'important.
Comment s'entraînent vos cyclistes ?
Ils ne s'entraînent pas du tout. Ils font du home trainer à la maison pour entretenir la forme. Ce n'est pas une situation suffisante pour pouvoir préparer de grandes échéances à haut niveau. Il est clair qu'il faudra reprendre l'entraînement dans de bonnes conditions. Les degrés de confinement ne sont pas les mêmes suivant les pays où l'on se trouve. En Belgique, les coureurs peuvent continuer à s'entraîner sur la route, c'est le cas en Suisse, ça n'est pas le cas en France, en Espagne et en Italie.
Allez-vous demander à ce que les coureurs puissent sortir s'entraîner dans le cadre de leur profession de cycliste ?
La question pourra éventuellement être abordée quand on parlera de la dernière partie du confinement et un retour progressif à une vie active. Il sera envisageable de reprendre l'entraînement et le travail pour les cyclistes professionnels. On est dans des situations particulières, chaque corps de métier a ses conditions particulières. Il faut lever les ambiguïtés. Il n'est pas question d'aller se balader pour faire du vélo. On parle de travail pour des professionnels dont c'est le métier et qui ont besoin de retrouver une activité dans les mois et les années qui viennent.
Certains coureurs professionnels vont-ils être en difficulté financière ?
Beaucoup de coureurs vont être dans de grandes difficultés professionnelles dans quelques mois, voire quelques semaines. Ils n'auront plus de travail et seront bons pour l'ANPE [Pôle emploi] à 100%. Des équipes ont fait des demandes de chômage partiel. J'espère qu'elles vont être suivies et accordées. On parle aussi d'activité économique. Il y a 500 personnes qui vivent du sport cycliste en France et pas tous en gagnant des centaines de milliers d'euros. Il y a beaucoup de gens qui sont au Smic, les assistants, les mécaniciens et ils ont aussi besoin d'avoir de quoi manger à la fin du mois.
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