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Traitement contre le Covid-19 : les effets d’un antipsychotique prometteurs, une première étude sur l’homme lancée en France

Les médecins-chercheurs du groupement hospitalier universitaire Paris psychiatrie et neurosciences ont constaté que les soignants étaient davantage contaminés par le Covid-19 que leurs patients, pour beaucoup traités avec la chlorpromazine. 

Article rédigé par franceinfo
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Le service de soins intensifs réservés aux malades du Covid-19, au sein de l'hôpital Saint-Anne, à Paris, le 10 avril 2020.  (MERYL CURTAT / HANS LUCAS)

La chlorpromazine est à l'essai pour tester un effet antiviral sur le Covid-19, indiquent les médecins-chercheurs du Groupe hospitalier universitaire (GHU) Paris psychiatrie & neurosciences dans un communiqué publié ce lundi 4 mai. La chlorpromazine est un antipsychotique utilisé depuis des décennies notamment dans le traitement de la schizophrénie et des troubles bipolaires. 

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Baptisée "reCovery", la première étude sur l’homme dans le monde débute au sein du GHU parisien en partenariat avec l’Institut Pasteur, explique le communiqué. "Les services de soins en psychiatrie constatent une faible prévalence de formes symptomatiques et sévères du Covid-19 chez les patients atteints de troubles psychiques"  pourtant "à risque" (surpoids, troubles cardio-vasculaires), est-il expliqué.

La chlorpromazine pourrait agir comme un inhibiteur de l’entrée du virus dans les cellules, ou endocytose. Ce phénomène serait opérant à des stades précoces, mais aussi tardifs, de l’infection.

GHU Paris psychiatrie et neurosciences

D’après le GHU Paris psychiatrie & neurosciences, le même phénomène a été constaté dans d’autres hôpitaux de l’Hexagone, en Chine, en Italie et en Espagne. À l'hôpital Saint-Anne, situé au sein du GHU, les médecins-chercheurs ont constaté que "19% du personnel soignant ont contracté le Covid-19", contre "seulement 3% des patients hospitalisés", indiquent les chercheurs.

"Une piste intéressante qui nécessite d'être confirmée chez l'homme"

Le premier médicament antipsychotique de l’histoire médicale est encore largement prescrit pour traiter des troubles relevant de la bipolarité ou de la schizophrénie, il peut aussi servir en anesthésie ou en obstétrique. Son usage est "une piste intéressante qui nécessite d'être confirmée chez l'homme" explique sur franceinfo le docteur Marion Plaze, psychiatre et chef de service à l'hôpital Sainte-Anne à Paris. Elle coordonne l'étude sur l’homme pour tester les propriétés antivirales de la chlorpromazine.

"On connaissait des travaux développés depuis les années 80 sur les propriétés antivirales de plusieurs traitements utilisés en psychiatrie, explique-t-elle, "on s'est plongé dans la littérature et on a découvert trois articles qui avaient été publiés en 2014 et 2018. Ils montraient qu'un antipsychotique, la chlorpromazine, avait déjà démontré, in vitro sur des cellules, son efficacité sur les coronavirus qui étaient responsables des précédentes épidémies en 2002 et en 2012." La psychiatre et son équipe se sont alors tournés vers l'Institut Pasteur pour tester si la chlorpromazine pouvait être efficace sur le coronavirus actuel. "Les résultats de l'étude à Pasteur montrent qu’effectivement la chlorpromazine a une efficacité contre le coronavirus responsable de l’épidémie actuelle. L'équipe de Pasteur a pu tester cela sur des cellules animales et aussi des cellules humaines, ce qui est une première mondiale", souligne Marion Plaze.

Nous allons débuter une étude pilote sur 40 patients pour essayer de démontrer l'intérêt de cette molécule dans le traitement du Covid-19.

Marion Plaze, psychiatre à l'hôpital Sainte-Anne

sur franceinfo

L'étude "reCovery" va prendre environ un mois, précise Marion Plaze. "Si les résultats étaient probants, il faudrait d'abord les confirmer sur un plus grand groupe de patients. C’est ce qu'on appelle une étude pivot. Elle est nécessaire avant de pouvoir passer un traitement en utilisation routine clinique. La chlorpromazine pourrait tout à fait être donnée le temps du Covid-19, pendant quelques semaines, lorsque les patients sont hospitalisés afin de réduire la durée de la maladie et de réduire sa sévérité", détaille-t-elle. Pour l'instant, son équipe est la seule qui ait proposé une étude chez l'homme pour traiter le Covid-19 avec la chlorpromazine.

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