Transferts de patients : "On est dans une situation extrêmement tendue", alertent les hôpitaux de Marseille
Après l'annonce de la reprise des évacuations sanitaires depuis Marseille ce vendredi, le président de la commission d'établissement des Hôpitaux de Marseille, Jean-Luc Jouve, indique sur franceinfo que "les services de réanimation sont pleins" dans les Bouches-du-Rhône.
L'Agence régionale de santé Provence-Alpes-Côte d'Azur a annoncé vendredi 17 décembre sur France Bleu Provence avoir procédé à des évacuations de patients, pour libérer des places dans les services de réanimation. Au moins trois transferts ont déjà été réalisés, précise sur franceinfo Jean-Luc Jouve, président de la commission médicale d’établissement de l’AP-HM, l’Assistance publique des Hôpitaux de Marseille. Également membre du collectif Inter-Hôpitaux, il alerte sur une situation "extrêmement tendue" dans les Bouches-du-Rhône, avec des "services de réanimation qui sont pleins".
franceinfo : Combien de patients ont été transférés ?
Jean-Luc Jouve : Là, on transfère trois patients et on pense pouvoir en transférer quelques-uns de plus, en sachant que la principale difficulté, c’est souvent l'opposition au transfert. Et c'est chaque fois très difficile d'expliquer à une famille que l'on va envoyer un des leurs à Brest dans un état extrêmement critique. Donc ce sont des transferts qui sont louables mais très difficiles à gérer. D'autant plus que toute la France est touchée par la maladie en ce moment. On n'est pas du tout dans la configuration des vagues précédentes, où il y avait des régions quasiment épargnées. Donc il y a peu de place pour les évacuations.
Cela signifie-t-il que, dans votre région, les services de réanimation sont déjà saturés ou s'agit-il de mesures préventives ?
Ça n'a rien de préventif. Les services de réanimation sont pleins dans les Bouches-du-Rhône. À noter que c'est d'ailleurs dans les Bouches-du-Rhône que la couverture vaccinale est la moins bonne en France. Donc il y a quand même un parallèle à faire. On a déprogrammé tout ce qui n'était pas urgent en termes de chirurgie et de médecine, et on est désolé auprès des patients non-Covid. On fait appel au privé et à une solidarité pour qu'ils déprogramment eux aussi et pour que l'Agence régionale de santé nous envoie des collègues du privé pour venir nous aider. On est dans une situation extrêmement tendue.
C'est le début des vacances scolaires. On imagine qu'un certain nombre de soignants a posé des congés. Comment allez-vous faire dans les deux prochaines semaines dans vos hôpitaux ?
Tout va être fait pour ne pas empiéter sur les vacances d’un personnel soignant qui est complètement fatigué. Ce sera la dernière limite. Et je pense que si les agences de santé nous aident à déprogrammer, imposent la programmation identique au niveau des structures libérales, réquisitionnent les gens ainsi libérés dans les structures libérales, pour renforcer les hôpitaux, on n’aura pas à le faire. Il faut respecter le repos des soignants. Ils n'en peuvent plus, ils sont à genoux. Et ce ne sera pas fini en janvier. Il faudra qu'ils puissent être opérationnels en janvier. Donc la stratégie, c'est ça.
Le Premier ministre a annoncé qu’un projet de loi sera présenté début janvier pour transformer le pass sanitaire en pass vaccinal. Cette mesure va-t-elle dans le bon sens ?
Oui, ça me paraît être une mesure qui va dans le bon sens, dans la mesure où il n'est pas question de stigmatiser des gens qui ne sont pas vaccinés. On n'en est pas là du tout. Et on peut comprendre qu’il y ait une liberté individuelle. Maintenant, on est dans une situation qui est celle d’une responsabilité collective. C'est-à-dire que quand vous ne vous faites pas vacciner, vous mettez en danger de mort les gens qui sont autour de vous. C'est ça le message qu’il faut bien faire passer. Qu’il y ait une obligation, si on veut avoir une vie sociale, à avoir son schéma vaccinal complet, c'est le seul élément que nous avons qui soit efficace contre la maladie, encore plus que les mesures de confinement.
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