"Un jour, un enfant va se faire renverser, c’est sûr" : à Saint-Ouen, les rodéos urbains se multiplient depuis le déconfinement
Le ministère de l’Intérieur a confié à deux députées une mission de réflexion afin d’élaborer un nouveau plan de lutte contre ce phénomène très répandu dans certains quartiers et qui trouble chaque jour davantage le quotidien des habitants de Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis.
"On voit plusieurs scooters qui font du roue-arrière sur le trottoir, sans casque, à des vitesses importantes, sur une voie qui n’est pas ouverte à la circulation", soupire un habitant de Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis. Là, au cœur du quartier des Docks, se trouve un grand parvis où se promènent des enfants et leurs parents. Mais aussi des jeunes qui font résonner au milieu des tours d’immeuble et des passants les moteurs de leurs scooters. Le phénomène a pris une ampleur telle après le confinement que Christophe Castaner, le ministre de l’Intérieur, a confié lundi à deux députées une mission de réflexion afin d’élaborer un nouveau plan de lutte contre ce phénomène très répandu dans certains quartiers.
Le phénomène a pris de l'ampleur depuis le déconfinement
Plusieurs riverains audoniens ont filmé ces rodéos urbains avec leur téléphone portable. Une vraie nuisance pour Fabrice, surtout depuis le déconfinement. "Dès le 11 mai, c’était la journée de sortie, y compris pour les deux-roues, explique-t-il. On est excédés, forcément..."
Les gamins, quand on leur dit de ne pas faire du deux-roues, ils disent ‘oui,oui, bien sûr’ puis ils recommencent. Pareil pour la police municipale : dès qu’elle repart, ils recommencent… C’est le jeu du chat et de la souris.
Fabrice, un habitantà franceinfo
Un jeu dangereux, très dangereux : en témoignent les trop nombreux accidents qui ont blessé ou tué plusieurs personnes depuis quelques mois en France. Alors ici, une association, “Voisins des Docks”, se bat contre ces rodéos. Une association à laquelle appartient Raoul, un habitant du quartier. "À un moment donné, un jour, un enfant va se faire renverser, c’est sûr, craint-il. Les effets d’annonce du ministre ne sont que des effets d’annonce : dans ce quartier, que je connais, la loi de 2018 n’a rien changé. Pourquoi, là, cela changerait quelque chose ?"
La loi de 2018 difficilement applicable
Une loi de 2018 fait des rodéos urbains des délits passibles de deux ans de prison et 30 000 euros d’amende. Mais ce n’est pas suffisant, explique l’avocat de l’association, Me Philippe de Castro. "La difficulté, c’est de faire appliquer cette loi, indique Me de Castro. Là où les propos de M. Castaner révèlent cette difficulté, c’est qu’il faut du renseignement, de véritables enquêtes car l’interpellation sur place, sur le vif, en flagrance est extrêmement difficile car elle met en danger tant le conducteur que la police ou les riverains. Et on l’a malheureusement observé assez récemment." L’association a déposé une plainte il y a un an, notamment pour mise en danger de la vie d’autrui. Sans nouvelle à ce jour, ses membres espèrent aujourd’hui qu’à défaut d’une suite judiciaire, elle fasse au moins réagir les autorités publiques.
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