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Un tennisman dans sa bulle. Rattrapé par le variant anglais du coronavirus, l'Open d'Australie est menacé mais Pierre-Hugues Herbert reste " plutôt optimiste"

Pendant toute la durée de l'Open d'Australie, Pierre-Hugues Herbert tient son journal de bord sur franceinfo. Dans ce cinquième épisode, il évoque l'apparition du variant anglais du coronavirus à Melbourne et l'hypothèse d'une annulation du tournoi.

Article rédigé par Fabrice Abgrall
Radio France
Publié
Temps de lecture : 8min
Le tennisman Pierre-Hugues Herbert à Melbourne le 25 janvier 2021 (CAPTURE D'ECRAN PIERRE-HUGUES HERBERT)

La seconde semaine de quarantaine a commencé à Melbourne pour Pierre-Hugues Herbert et les autres joueurs de l'Open d'Australie. Une quarantaine plus ou moins sévère en fonction des tests Covid-19, opérés quotidiennement. Plusieurs dizaines de joueurs, dont deux Français, sont confinés intégralement. Et l'hypothèse d'une annulation du tournoi n'est pas complètement exclue, reconnaît Pierre-Hugues Herbert.

franceinfo : Cela fait une semaine, Pierre-Hugues, vous êtes dans la dernière ligne droite maintenant avant "la libération". Dans quel état d'esprit êtes-vous ? 

Pierre-Hugues Herbert : Je suis assez pressé de pouvoir sortir, de pouvoir quitter cette chambre, de pouvoir être à nouveau un peu libre. Là, on est un peu à mi-chemin. La nouveauté, l'excitation de la quarantaine, sont un peu passées. On a découvert le stade les deux, trois premiers jours, on le connaît un peu par coeur. Donc, on a hâte que ça se finisse et hâte d'être libres à nouveau. Mais on essaye de se plaindre le moins possible, parce qu'on a quand même beaucoup de chance de pouvoir aller au stade cinq heures par jour alors qu'il y en a qui sont enfermés. J'ai une grosse pensée pour eux, parce que je n'ose même pas imaginer ce que c'est de ne pas pouvoir sortir de la chambre. 

72 joueurs sont confinés intégralement. Parmi eux il y a deux Français, Benoît Paire et Quentin Halys. Est-ce que vous êtes entré en contact avec eux, pour savoir comment se passait leur confinement intégral ? 

Effectivement, je suis rentré en contact avec eux. Quentin m'a dit que ce n'était pas facile et que c'était dur de tenir. Mais il fait au mieux, et je pense que c'est un peu le même cas avec avec Benoît. Il font au mieux et essaient de prendre sur eux pour tenir le coup pendant ces 14 jours qui doivent être forcément très durs.

Quentin Halys a dit que seul dans une chambre comme ça, sans pouvoir sortir, on devenait fou. Vous comprenez évidemment l'état d'esprit de Quentin Halys ?

Oui, je le comprends. On est des sportifs. On est des gens qui ont l'habitude de se dépenser tous les jours, d'aller à l'entraînement. On n'est pas habitué à être enfermé dans un seul endroit. On a plutôt l'habitude d'être libre et de se dépenser, de courir, de faire du sport... 

"Ce n'est pas facile à gérer pour un sportif de haut niveau de devoir être enfermé comme ça pendant 14 jours. Je comprends qu'on puisse devenir un peu fou !"

Pierre-Hugues Herbert

à franceinfo

15 jours sans jouer, sans toucher une raquette, sans pouvoir s'entraîner. Sincèrement, quand il va reprendre la compétition, il ne pourra pas être aussi compétitif que quand on s'entraîne. Est ce que même ça vaut le coup d'aller jouer à un tournoi en sachant que pendant quinze jours, on n'a pas pu toucher la raquette ?

Ça dépend des personnes. Personnellement, je pense que ça serait extrêmement difficile, parce que ça serait dangereux. Partir en compétition alors on n'a pas eu la possibilité de jouer pendant deux semaines et qu'on était enfermé dans une chambre... Même si on a fait un petit peu de sport, du vélo, ça ne peut pas remplacer le terrain. En plus, en Australie cela peut être des conditions extrêmes, donc il faut être vraiment très bien préparé. Effectivement jouer la semaine après 14 jours de quarantaine, ce n'est vraiment pas l'idéal et je trouve que c'est même très dangereux. Je pense que la plupart des joueurs qui ont fait une quarantaine de 14 jours chez eux, ça a été difficile de revenir. Il faut faire attention aux mauvaises surprises : si on veut reprendre trop rapidement, si on veut brûler les étapes, ça peut coûter cher et se terminer par une blessure. Rien que 72 heures dans la chambre, je l'ai déjà ressenti, donc 14 jours dans une chambre d'hôtel je pense qu'effectivement, c'est la pire des préparations possibles pour un tournoi. 

Les dernières informations ne sont pas très bonnes puisque les organisateurs ont révélé que trois nouveaux joueurs ont été contrôlés positifs au Covid-19, mais avec la variante anglaise...

Oui, effectivement, trois joueurs ont été contrôlés positifs. On a reçu un email du directeur du tournoi, Craig Tiley. Cette variante anglaise, apparemment, est un peu plus violente. Donc, forcément, on espère que toutes les mesures vont être prises et que ça va payer. J'ai une pleine confiance dans l'organisation et dans la manière dont c'est organisé pour que le virus ne se propage pas. En tout cas pendant la quarantaine. Il faudra voir après cette quarantaine comment ça se passera. 

Est-ce que ça peut déclencher une psychose à Melbourne ?

Pour être tout à fait honnête, la psychose est déjà présente. Je n'ai pas eu le sentiment qu'ils nous ont accueillis à bras ouverts ou en tout cas pas dès le départ. Donc non, je pense qu'ils font très attention et que ça soit la variante anglaise ou le Covid "classique", je pense qu'ils prendront toutes les mesures pour se protéger un maximum. 

Du coup, les organisateurs ont modifié les règles puisque vous deviez vous entraîner, lors de la dernière semaine, avec un nouveau partenaire. Cette règle a été a été supprimée par les organisateurs. 

L'organisation est en adaptation constante et c'est sûr que ce qui s'est passé la première semaine les a incités à ne pas mélanger, finalement, les groupes de joueurs qui s'entraînent sur les sites. Et donc, effectivement, on ne pourra pas rejoindre un deuxième cohorte et être quatre joueurs à partager des entraînements. C'est une mesure qui a été prise pour sécuriser tout le monde, qu'il n'y ait pas de mouvements de joueurs et que le Covid ne puisse pas se propager un peu partout. 

L'objectif, c'est de limiter au maximum les contacts. Vous le ressentez sur place ?  

Je confirme, on le ressent, pas de souci ! Limiter au maximum les contacts, on a vraiment compris, et même nous, les joueurs, entre nous on limite les contacts, on est toujours à distance. On reste vraiment avec notre groupe de joueurs, mais il n'y a aucun échange avec avec le reste, quand on est au stade. On essaye d'être le plus prudent possible.

Vu la situation désormais, est-ce que vous craignez une annulation du tournoi ?

Mon état d'esprit n'a pas changé. En rentrant dans l'avion et en arrivant en Australie, j'avais en tête que c'était une possibilité.

"Si ça se passe vraiment très mal, je pense que le tournoi peut être annulé. Est-ce que je le crains aujourd'hui ? Non."

Pierre-Hugues Herbert

à franceinfo

J'ai le sentiment que vraiment, toutes les mesures sont prises pour qu'on n'en arrive pas là. Je pense que l'organisation fait un travail incroyable, mais c'est une possibilité, effectivement.

Et là, ce serait évidemment une catastrophe pour vous, pour les organisateurs, pour le monde du tennis. Parce qu'annuler un Grand Chelem comme Wimbledon a été annulé l'année dernière, ce serait vraiment un énorme coup dur. 

Pour tout le monde : ceux qui sont investis, les joueurs qui sont venus et qui ont fait la quarantaine, l'organisation qui travaille d'arrache-pied depuis je ne sais pas combien de temps, le gouvernement australien qui a accepté au départ et qui au final aurait fait venir des gens pour rien en Australie. Je pense que ce serait un échec global. Ce serait effectivement très dur pour le tennis et pour les joueurs et pour tous ceux qui espéraient qu'il y ait un peu de spectacle. Aujourd'hui, je suis plutôt optimiste. J'ai confiance en l'organisation et ils prennent les mesures qu'il faut. Je pense qu'ils sont aux aguets et prêts à faire face à pas mal de choses. Et je suis plutôt optimiste.

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