Covid-19 : après la levée des restrictions, faut-il continuer à tester massivement ?
Certains épidémiologistes et virologues estiment que la campagne de dépistage n'est plus adaptée face au variant Omicron. Efficacité, fiabilité, coût... franceinfo détaille leurs arguments.
Stop ou encore ? Alors que le ministre de la Santé évoque déjà la fin de la cinquième vague du Covid-19, certains scientifiques estiment qu'il faut mettre un frein à la campagne de dépistage. Près de 50 millions de tests - un record - ont été réalisés durant le mois de janvier, soit quasiment deux fois plus qu'en décembre 2021, un mois déjà très gourmand en matière de dépistage. franceinfo fait le point sur les arguments des deux camps.
Cibler plutôt que généraliser
Ceux qui veulent continuer de tester massivement sont en général les épidémiologistes, dont le rôle est de surveiller l’épidémie. Ils estiment que si l’on veut avoir une vision très précise de l'évolution du Covid-19 sur notre territoire, il faut continuer de beaucoup tester. Avec ce variant Omicron - moins dangereux que le variant Delta mais très contagieux -, les campagnes de dépistages de grande ampleur permettent d’isoler tous les positifs. Une stratégie dont l'objectif est avant tout de casser les chaînes de contamination.
Face aux "pro-tests", de nombreux virologues et infectiologues défendent une autre stratégie : tester moins et mieux. Selon eux, tester tout le monde n’a plus de sens. Ils suggèrent alors de dépister seulement un échantillon de la population, comme on le fait pour la grippe aujourd’hui. Avec Omicron, le nombre de contaminations n’étant plus corrélé au nombre d’hospitalisations, il ne constitue plus vraiment un repère fiable de l’épidémie. Le vrai repère, c’est le nombre de malades à l’hôpital.
Autre argument : pratiquer des millions de tests crée des embouteillages dans les laboratoires, dans les pharmacies. La fiabilité des tests antigéniques et autotests est, par ailleurs, remise en cause dans leur capacité à repérer Omicron aussi bien que les variants précédents. L'hypothèse, qui reste à prouver, serait que les tests seraient moins sensibles, moins efficaces.
Prioriser pour économiser
À quoi bon dépister des centaines de milliers de cas par jour ? Certains scientifiques considèrent que l'on a perdu le contrôle de l’épidémie et qu'il vaut donc mieux "laisser filer" ce virus plus bénin avec l'espoir d'atteindre une forme d’immunité collective. En suivant cette logique, les tests seraient réservés prioritairement aux personnes à risque de faire une forme grave de la maladie.
Dernier argument de choc : tester massivement, cela coûte très cher à l’Assurance-maladie. Une vingtaine d’euros pour un test antigénique, une quarantaine pour un test PCR, sans compter la distribution des autotests aux enfants. La facture s'élève, pour le seul mois de janvier à 1,6 milliards d’euros, soit ce que le gouvernement avait initialement prévu pour toute cette année 2022. Olivier Véran a promis mercredi soir de baisser le coût de ces tests. Le ministre de la Santé souhaite aussi inciter à utiliser davantage les autotests, moins chers.
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