Covid-19 : cinq choses à savoir sur le plan de vaccination français
La Haute Autorité de santé a dévoilé lundi de nouvelles préconisations en matière de stratégie vaccinale.
A mesure que sont publiés les résultats des derniers essais cliniques, le plan de vaccination contre le Covid-19 se dessine. S'ils s'avèrent concluants, les doses des six candidats vaccins précommandés par l'Union européenne vont arriver au compte-gouttes. La campagne de vaccination, qui se veut "rapide et massive", pourrait débuter "vraisemblablement, dès fin décembre-début janvier", a indiqué mardi 24 novembre Emmanuel Macron dans une allocution.
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Le vaccin du tandem Pfizer-BioNTech, qui domine pour l'instant la course, pourrait être validé par l'Agence européenne des médicaments (EMA) mi-décembre et être déployé en France en janvier 2021. Reste que les doses précommandées ne permettront pas de vacciner l'ensemble de la population. Il faut donc prioriser les publics qui auront accès en premier à la vaccination contre le coronavirus et s'assurer que la campagne vaccinale ne vire pas au fiasco, comme celle menée en 2009 contre le virus du H1N1. La Haute Autorité de santé (HAS), organisme indépendant du gouvernement, a publié lundi 30 novembre de nouvelles recommandations, dessinant les contours de ce que devrait être la stratégie vaccinale française.
1Pas d'obligation de vaccination à ce stade
"Je ne rendrai pas la vaccination obligatoire", a assuré le président de la République au cours de sa dernière allocution. Une position qui est cohérente avec celle défendue depuis cet été par la Haute Autorité de santé. L'institution réitère dans son dernier communiqué sa recommandation : "La HAS rappelle qu'elle ne préconise pas, à ce stade, de rendre obligatoire la vaccination contre la Covid-19". Une telle mesure pourrait s'avérer contre-productive en raison du manque actuel de visibilité et du contexte de défiance de nombreux Français à l'encontre des vaccins.
2Deux publics prioritaires ciblés
La campagne de vaccination doit répondre à un double objectif : "réduire les hospitalisations et les décès et maintenir les activités essentielles du pays, particulièrement celles du système de santé pendant l'épidémie", explique La Haute Autorité de santé. Pour cela, l'institution recommande de cibler en priorité deux publics : les personnes présentant le plus de risques de développer une forme grave du Covid-19, et les professionnels de santé médicaux, paramédicaux, auxiliaires médicaux, brancardiers, travailleurs sociaux et autres professions étant susceptibles "d'être en contact avec des patients infectés par le Sars-CoV-2".
Concernant le premier public, l'institution explique s'être penchée sur la littérature scientifique pour déterminer les profils les plus vulnérables. Elle retient que l'âge et que la présence des comorbidités suivantes sont les deux facteurs de risque les plus importants : "obésité (IMC >30) en particulier chez les plus jeunes, BPCO et insuffisance respiratoire, hypertension artérielle compliquée, insuffisance cardiaque, diabète de types 1 et 2, insuffisance rénale chronique, cancers récents de moins de trois ans, transplantation d'organe solide ou de cellules souches hématopoïétiques et trisomie 21". L'HAS précise que "d'autres pathologies ou formes de handicap pourront être intégrées au fur et à mesure de l'acquisition des connaissances".
3Un plan pour une vaccination par étapes
L'acheminement des doses ne permettra pas de vacciner d'une traite l'ensemble des publics jugés "prioritaires". C'est pourquoi la Haute Autorité de santé propose d'échelonner la campagne en "cinq phases progressives". Les trois premières étapes doivent permettre de vacciner l'ensemble des personnes susceptibles de développer une forme grave du Covid-19.
Au cours de cette première étape de vaccination, les personnes âgées résidant en Ehpad ou dans un autre type d'hébergement collectif devront être vaccinées, recommande la HAS. Les professionnels du secteur médico-social et du transport sanitaire travaillant dans les Ehpad ou dans les Unités de soins de longue durée (USLD) âgés de plus de 65 ans et/ou présentant des comorbidités seront également vaccinés.
La deuxième étape cible les personnes de plus de 75 ans, puis les personnes âgées de 65 à 74 ans présentant une ou plusieurs comorbidités et enfin les personnes âgées de 64 à 74 ans sans comorbidités. Les professionnels du secteur médico-social et du transport sanitaire âgés de plus de 50 ans et/ou présentant une comorbidité seront également concernés.
La troisième étape permettra de vacciner les personnes identifiées comme public prioritaire n'ayant pas été vaccinées au cours des deux premières étapes. A savoir les personnes de moins de 64 ans présentant une comorbidité et l'ensemble des professionnels du secteur médico-social et du transport sanitaire non concernés par les deux premières phases. En fonction de l'approvisionnement en doses, "la vaccination des professionnels issus des secteurs indispensables au fonctionnement du pays pourra être entreprise et déterminée par le gouvernement", précise la HAS, mentionnant les professionnels du secteur de la sécurité et de l'éducation.
Les quatrième et cinquième étapes concernent le reste de la population. Les professions les plus exposées au virus et les personnes vulnérables et précaires présentant de facto plus de risques d'aggravation de la maladie en cas d'infection devront être vaccinées dans un premier temps, avant que le vaccin ne soit ouvert aux personnes âgées de plus 18 ans et ne présentant pas de comorbidités.
4Un effort sur la transparence
Pour s'assurer de la réussite de cette campagne de vaccination, la Haute Autorité de santé "rappelle la nécessité d'une information claire et accessible des publics à toutes les phases de mise à disposition des vaccins". L'institution rappelle dans son communiqué que le plan de vaccination ne devra être déployé que si des "études établissent la preuve que les vaccins ont une efficacité possible sur la transmission du virus et que la disponibilité des vaccins (est) suffisante".
L'un des défis des autorités de santé sera de convaincre les Français. Et la HAS mise pour cela sur la transparence des directives et des informations scientifiques disponibles. Car seulement 41% des Français ont l'intention de se faire vacciner contre le Covid-19, d'après un sondage Ifop pour le Journal du dimanche, publié dimanche et réalisé sur un échantillon de 1 013 personnes.
5Un suivi de la vaccination
La Haute Autorité de santé préconise également de "suivre la distribution des doses vaccinales afin d'être en capacité d'en remobiliser si besoin pour des personnes prioritaires" et de permettre la "collecte de données en vie réelle" pour assurer le suivi de la vaccination. Ces données pourront s'avérer précieuses pour assurer la pharmacovigilance, c'est-à-dire l'évaluation des risques secondaires du vaccin inoculé.
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