Covid-19 : la "double immunité vaccinale et naturelle" sera acquise "probablement très rapidement" en 2022, selon l'infectiologue Benjamin Davido
Pour Benjamin Davido, référent Covid-19 à l’hôpital de Garches, si la situation actuelle avec la vague Omicron apparaît comme catastrophique, il prévoit un "scénario optimiste" pour les mois à venir, avec une double immunité vaccinale et naturelle.
Benjamin Davido, infectiologue, directeur médical et référent Covid-19 à l’hôpital de Garches (Hauts-de-Seine), a affirmé vendredi 31 décembre sur franceinfo que la "double immunité vaccinale et naturelle sera acquise probablement très rapidement" en 2022 après la vague du variant Omicron qui touche la France. Malgré "la courbe verticale" des contaminations "qui donne le vertige", c'est un "scénario optimiste", selon lui, que l'on peut envisager.
franceinfo : Le scénario sud-africain, avec une baisse des contaminations du variant Omicron, est-il une lueur d'espoir ?
Benjamin Davido : En Afrique du Sud, les populations sont plus jeunes. Paradoxalement, elles sont également moins vaccinées. Clairement, c'est un scénario qui est évidemment éminemment rassurant parce qu'on peut se dire que, paradoxalement, ils ont eu moins de morts que les vagues précédentes, et notamment celle de l'année dernière, alors même qu'ils ont 30% de vaccinés. On peut imaginer qu'en France, en Europe, où on a largement vacciné, on va avoir possiblement l'effet de la vaccination et l'effet d'Omicron. Ce que l'on espère, évidemment, c'est ne pas avoir un engorgement des hôpitaux. En Angleterre, il y a eu une augmentation de 50% des hospitalisations. Il ne faudrait pas que ce rush hospitalier qui, comme vous le savez aujourd'hui, nous oblige à une déprogrammation massive à l'Assistance Publique - Hôpitaux de Paris, médicale et chirurgicale, entraîne une perte de chance pour certains.
Donc, il faut rester prudent, cela pourrait ne pas être le même scénario en France ?
En Afrique du Sud, c'est l'hiver austral. C'est radicalement différent. Nous, on démarre justement cette saison de l'hiver. Ce qui est sûr, c'est qu'on a l'impression que l'on a affaire à un variant extrêmement contaminant. On peut se féliciter aujourd'hui qu'on ait plus d'un tiers de la population française ayant eu trois doses. Le scénario optimiste, ce n'est qu'un scénario, c'est celui de cette double immunité vaccinale et naturelle qui sera acquise probablement très rapidement à l'issue de ce blast. Quand vous regardez la courbe des contaminations, ce n'est plus une courbe en France, c'est une verticale qui donne le vertige. Donc, on peut espérer que l'année 2022 nous apporte cette immunité collective tant espérée en 2020. On savait à quel point il était difficile de l'obtenir.
L'objectif à court terme, c'est de ne pas engorger les hôpitaux ?
Oui, très clairement. D'abord parce qu'aujourd'hui, il faut rappeler qu'il y a 5 millions de Français adultes qui ne sont pas vaccinés. Parmi ces gens-là, 0,5% vont se retrouver à l'hôpital. Si mes calculs sont bons, ça fait 25 000 personnes, certes pas en une journée, mais durant cette vague. C'est énormément de monde, avec une probabilité pour ces gens-là que ça se passe mal, d'avoir des séquelles... Je ne parle même pas du Covid long. Vous imaginez les enfants qui sont suivis pour des lymphomes et qui ont des chimiothérapies déprogrammées la semaine prochaine parce que les hôpitaux sont à saturation ? C'est terrible ! C'est terrible pour les soignants. Comme dirait l'adage : mieux vaut prévenir que guérir. Encore une fois, si ce scénario se passe très bien, on sera tous contents et ça sera la meilleure nouvelle de 2022.
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