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Covid-19 : le vaccin de Johnson & Johnson "va être un accélérateur de la vaccination" à l’échelle mondiale

Frédéric Bizard, professeur d’économie à l’ESCP Business School et président fondateur de l’Institut Santé, alerte aussi sur "la problématique de la production" de ce nouveau vaccin. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un flacon de vaccin Johnson & Johnson. (KAMIL KRZACZYNSKI / AFP)

Le vaccin Janssen de Johnson & Johnson attend le feu vert européen qui devrait intervenir dans la semaine. Ce sera le quatrième vaccin autorisé sur le marché pour lutter contre le coronavirus. Il sera administré en une seule dose. Frédéric Bizard, professeur d’économie à l’ESCP Business School et président fondateur de l’Institut Santé, a estimé jeudi sur franceinfo que le vaccin Janssen "ne va pas être déterminant, mais il va être un accélérateur de la vaccination" à l’échelle mondiale.

franceinfo : Le vaccin de Johnson & Johnson est-il un vaccin intéressant ?

Frédéric Bizard : Oui, intéressant à plusieurs titres. D'abord, cela fait partie de ces vaccins de première génération qui ont été développés à partir de la souche chinoise. Il apporte plusieurs intérêts. C’est d'abord le premier vaccin qui va être mis sur le marché à monodose, c'est-à-dire que le laboratoire a trouvé formulation qui est suffisamment efficace avec une seule dose. Donc, c'est évidemment un intérêt majeur puisque d'abord, cela permet de baisser le coût de la vaccination de façon très importante. Donc, c'est le vaccin qui va être le plus le plus efficient, le moins cher, tout en étant relativement efficace. Il peut se conserver à température ambiante. C'est un vaccin qui va pouvoir être délivré en ville par les pharmaciens et les médecins. Après, il y a des limites à ce vaccin. C'est-à-dire qu'il a été développé lorsqu'il y avait déjà les variants. Et donc on voit, comme les autres probablement vaccins de première génération, qu'il a une efficacité un peu moins importante puisqu'il est efficace à 66%, à peu près deux tiers. Mais sur l’ensemble des variants, puisqu'il a été développé sur une population qui était déjà affectée par les variants.

Va-t-il permettre d’accélérer la vaccination ?

Oui, absolument. A l'échelle française, à l'échelle européenne, cela va permettre d'accélérer la vaccination. Il était déjà intégré dans les plans de vaccination. Il y a des limites dans la production. Il est prévu au deuxième trimestre 55 millions de doses, dont 8 millions en France. Donc, on voit qu’il y a un problème de montée en puissance de production. Il va être produit notamment par Sanofi à Marcy-l’Etoile, près de Lyon. Il va être produit en Espagne et en Italie, mais il y a un petit peu de difficulté à la montée en puissance de la production. En revanche, là où cela peut être un changement plus important, c'est à l'échelle mondiale, pour les pays émergents, puisque c’est un vaccin qui est relativement peu coûteux, [parce qu'il est] monodose et il devrait permettre une forme de mondialisation de la vaccination, car il y a 130 pays qui n'ont pas encore un accès aux vaccins. En tout cas, si on réussit à le produire en quantité suffisante dans les autres pays, cela peut être véritablement un changement de pied d'envergure pour la vaccination mondiale.

Un vaccin plus simple, mais qui pose quand même des problèmes de production. Pourquoi ?

Il y a un manque d'unité production et il y a une demande mondiale, ce qui n'est jamais arrivé dans l'histoire de la vaccination, en tout cas récemment. Il faut vacciner les deux tiers de la population mondiale. Donc, à chaque fois qu’arrive un vaccin se pose la problématique de la production. Il faut produire des adénovirus. Ce vaccin, c'est un vecteur viral. C’est la même plateforme technologique qu'avec AstraZeneca, avec un vecteur viral qui est un adénovirus humain qui est utilisé pour Ebola. Donc, ce sont des technologies qui sont assez anciennes, que l'on connaît bien, contrairement à l’ARN messager. Cela pourra poser un problème d'adaptation avec les variants. Mais, il va remplir son rôle pour cette étape-là, c'est-à-dire être efficace sur les variants existants et en particulier sur la souche chinoise. Mais le facteur limitant, c'est la production. On le voit en Europe. C’est l'intérêt d'avoir une diversité de vaccins qui arrivent. Il va jouer un rôle qui ne va pas être déterminant, mais qui va être un accélérateur de la vaccination. Et il apporte une valeur ajoutée essentielle qui est la monodose. La monodose sera probablement la règle dans les vaccins à venir de deuxième génération.

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