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Covid-19 : quelle est la situation au Royaume-Uni, qui termine l'année 2020 sous haute surveillance sanitaire ?

Le pays le plus endeuillé d'Europe par la pandémie de Covid-19 connaît une flambée de nouveaux cas, forçant le gouvernement à limiter davantage les activités. Alors que la vaccination suit son cours, certains hôpitaux sont submergés par le nombre de malades.

Article rédigé par Pierre-Louis Caron
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 8min
L'entrée d'un centre de dépistage du Covid-19 à Walthamstow, dans le Grand Londres (Royaume-Uni), le 15 décembre 2020. (TOLGA AKMEN / AFP)

Avant les bonnes résolutions, les nouvelles restrictions. Face à la pandémie de Covid-19, les Britanniques vont débuter l'année 2021 avec de nombreuses mesures visant à enrayer la hausse des nouvelles contaminations. Le Royaume-Uni, dont les trois quarts de la population sont appelés à se confiner, a vu émerger un nouveau variant du virus, beaucoup plus contagieux, et redouble d'efforts pour accélérer son programme de vaccination.

Une explosion des nouveaux cas après Noël

"Le virus est vraiment en train de monter en flèche", a alerté* le Premier ministre britannique, Boris Johnson, lors d'une conférence de presse le 30 décembre. D'après le tableau de bord officiel* du Royaume-Uni, tous les voyants sont au rouge malgré les mesures prises notamment pour limiter les regroupements familiaux lors des célébrations de Noël. Plus de 50 000 nouveaux cas positifs ont été détectés ces dernières 24 heures, après un record de plus de 53 000 nouvelles contaminations enregistré la veille. Le nombre de décès a plus que doublé en deux jours, pour atteindre 981 morts mercredi 30 décembre, son niveau le plus haut depuis le mois d'avril.

Pour les autorités sanitaires, ces chiffres alarmants s'expliquent par le nouveau variant du Sars-CoV-2 découvert au Royaume-Uni mi-décembre, qui se transmet beaucoup plus facilement. Selon une étude publiée cette semaine par Public Health England, l'institut de santé publique anglais, ce variant serait 50% plus contagieux, y compris chez les enfants. Eclaircie dans ce tableau plutôt sombre, le nouveau variant ne cause pour l'instant pas plus d'hospitalisations ou de décès que la souche d'origine. Reste que le gouvernement britannique se veut extrêmement prudent face à cette mutation, qui serait responsable de plus de la moitié des nouveaux cas détectés, d'après les chiffres annoncés par Boris Johnson.

Des transferts d'urgence pour soulager les hôpitaux débordés

Face à l'afflux massif de patients atteints du Covid-19, plusieurs régions du sud du pays ont alerté le gouvernement sur la saturation des services de santé. C'est notamment le cas du comté de l'Essex, l'un des plus touchés d'Angleterre, où les principaux hôpitaux ne parvenaient plus à accueillir tous les malades cette semaine, obligeant des soignants à intervenir directement dans les ambulances parquées devant les établissements. Le comté a réclamé l'intervention de l'armée pour installer "de toute urgence" des hôpitaux de campagne et apporter un soutien logistique aux centres de test et de vaccination.

L'enjeu pour le gouvernement britannique est désormais de répartir les patients entre les hôpitaux du pays, afin de libérer des places dans les unités de soins intensifs. Le service de santé britannique (NHS) a annoncé jeudi réactiver l'hôpital de campagne géant de Londres, ville où le taux d'incidence du Covid-19 compte parmi les plus élevés du pays. Construit avec le concours de l'armée, il était doté d'une capacité initiale de 500 lits, pouvant atteindre 4 000 lits, soit l'équivalent de dix hôpitaux classiques. Cette structure d'urgence fait partie du réseau des "hôpitaux Nightingale", lancé début avril par les autorités sanitaires, qui permettent d'installer en l'espace de quelques jours des milliers de lits. 

Les hôpitaux de campagne de Manchester, Harrogate (nord de l'Angleterre) et de Bristol (sud-ouest) sont actuellement utilisés pour des patients non atteints du Covid-19, a déclaré le porte-parole du NHS. "Le nombre de malades du Covid hospitalisés augmente fortement, de sorte que les Nightingale restants sont prêts à admettre à nouveau des patients en cas de besoin", a-t-il ajouté. 

Un durcissement des restrictions pour les trois quarts de la population

Juste avant Noël, le Royaume-Uni a ajouté un nouvel échelon à son système d'évaluation du risque sanitaire, qui n'en comptait que trois jusque-là, allant du risque "moyen" à "très élevé". Ce quatrième niveau d'alerte est le plus restrictif, avec l'interdiction de sortir de chez soi à moins d'avoir un "motif raisonnable", comme aller travailler ou étudier, la fermeture de tous les commerces jugés "non-essentiels" ainsi que les salles de sport, ou encore l'interdiction de rendre visite à une personne qui ne fait pas partie de la même "bulle de soutien" (composée de deux foyers maximum, et sous certaines conditions, explique le gouvernement*). De plus, il est interdit de quitter une zone en échelon 4, sauf pour des déplacements professionnels ou pour aider un proche vulnérable, par exemple.

Alors que Big Ben sonnait 0 heure à Londres jeudi 31 décembre, de nombreux comtés du Royaume-Uni ont rejoint la liste des zones à risque maximal, qui concerne désormais les trois quarts de la population britannique. Cette décision affecte directement la rentrée des classes, prévue le 4 janvier, qui doit être reportée d'une à deux semaines selon les communes, voire selon les quartiers. Dubitatif, le maire de Londres, Sadiq Khan, a demandé"une clarification" sur le fait que certaines écoles de sa ville pourront rouvrir "alors que d'autres, au bout de la rue, resteront fermées".

En divisant le pays en zones, le gouvernement britannique cherche à tout prix à éviter un confinement national, malgré les demandes répétées de nombreux leaders politiques et d'experts, comme le groupe de scientifiques Independent SAGE, qui a appelé* mercredi 30 décembre à un "confinement total et immédiat".

Si les restrictions varient fortement d'une région à l'autre, certaines règles concernent tout le Royaume-Uni, comme l'amende de 10 000 livres sterling (soit un peu plus de 11 000 euros) pour toute personne qui organiserait une soirée de Nouvel An rassemblant plus de trente convives ou mélangeant des membres de foyers différents. 

Une accélération de la vaccination 

Avec près de 800 000 doses administrées, le Royaume-Uni a pris une longueur d'avance sur ses voisins d'Europe en termes de vaccination contre le Covid-19, et ne compte pas en rester là. Lancée en grande pompe le 8 décembre, la campagne de vaccination est pour l'instant réservée à une partie du personnel soignant et aux résidents des maisons de retraite, avant une généralisation prévue pour le printemps. Les autorités sanitaires du pays ont listé neuf groupes prioritaires, établis en fonction de l'âge (des plus âgés aux plus jeunes) mais aussi de l'état de santé. Les personnes âgées de 16 à 64 ans souffrant de maladies graves constituent un groupe à part entière, classé avant-dernier dans cette liste, devant les personnes âgées de 50 ans et plus.

Un homme reçoit une dose de vaccin contre le coronavirus, le 14 décembre 2020, à Londres, au Royaume-Uni. (STEVE PARSONS / AFP)

Pour prêter main forte aux soignants dans cette campagne, les services de santé britanniques recrutent* actuellement 30 000 volontaires, dont certains seront formés à la vaccination. D'après un décompte* de la BBC, le Royaume-Uni a commandé pas moins de sept types de vaccin différents ces derniers mois, pour un total de 355 millions de doses attendues. Parmi ces vaccins, on retrouve celui commercialisé par Pfizer/BioNTech, le premier à être utilisé dans le pays.

Mais c'est un autre vaccin, celui conçu par le groupe britannique AstraZeneca avec l'université d'Oxford, qui pourrait changer la donne au Royaume-Uni. Autorisé le 30 décembre par l'Agence britannique du médicament, ce vaccin est moins coûteux que son concurrent car il se conserve à une température comprise entre 2 et 8 °C, contre une température de -70 °C pour celui de Pfizer/BioNTech. Un gain financier et logistique qui pourrait permettre au gouvernement de Boris Johnson d'accélérer son calendrier de vaccination, et de débuter l'année 2021 sous de meilleurs auspices. 

* Les liens suivis d'un astérisque sont en anglais.

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