Covid-19 : trois questions sur la vaccination obligatoire des soignants
Le gouvernement envisage une loi pour obliger les personnels de santé à se vacciner contre le Covid-19. La question est au cœur des débats, avant une décision prochaine du gouvernement.
L'idée d'une loi pour obliger les soignants à se vacciner contre le Covid-19 fait son chemin au sein de l'exécutif. Le Premier ministre Jean Castex reçoit jeudi 8 juillet les élus locaux pour évoquer la question. Les patrons des groupes parlementaires ont déjà été consultés par écrit par Matignon.
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Même si le gouvernement se défend de vouloir "pointer du doigt" les professionnels de santé, la pression s'accentue alors que le variant Delta fait craindre en France une quatrième vague dès cet été.
Quels sont les vaccins déjà obligatoires pour les soignants ?
La vaccination est déjà obligatoire dans certains cas pour les soignants et pour tous les professionnels qui travaillent dans des établissements de prévention, de soins, ou qui hébergent des seniors et qui sont susceptibles de contaminer les personnes dont elles ont la charge.
Tous ces professionnels sont obligés par le code de santé publique de se faire vacciner contre quatre maladies : la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite et l'hepatite B. Pour les trois premières maladies l'obligation remonte à 1953, pour la dernière cela date de 1991.
Cette obligation concerne aussi les étudiants stagiaires et les professions paramédicales, par exemple les ambulanciers. Ils doivent fournir une attestation de vaccination avant d'être embauchés ou de démarrer un stage. Sur le papier, aucune sanction n'est prévue en cas de manquement à cette obligation mais ils ne pourront tout simplement pas exercer s'ils ne sont pas vaccinés contre ces quatre maladies.
Combien de soignants ne sont toujours pas vaccinés contre le Covid-19 ?
Tout d'abord, il faut rappeler que la vaccination contre le Covid-19 chez les soignants est au-dessus de ce qui se fait dans le reste de la population. Si on compare les chiffres dont on dispose fin juin, la moitié des Français ont reçu une dose et un tiers sont totalement vaccinés. Un chiffre inférieur par rapport à la catégorie la moins vaccinée chez les professionnels de santé, celle des aides-soignants, dont près de 40% ont reçu les deux doses.
Chez les soignants, les champions de la vaccination ce sont les médecins. Neuf généralistes sur dix ont reçu leur première dose. Dans les hôpitaux et les cliniques 65% ont bouclé le parcours. Parmi les soignants les moins vaccinés on retrouve les infirmiers, les sages-femmes et les aides-soignants. Dans les Ehpad, 59% des personnels de santé ont reçu une dose et moins de la moitié les deux doses.
D'après un sondage BVA réalisé fin mai pour Santé publique France, seulement 6% des professionnels de santé ne voulaient pas se faire vacciner du tout.
Une possible loi est-elle acceptée par la profession ?
Le compte à rebours est enclenché car il faut que le taux de vaccination des professionnels de santé augmente suffisamment pour éviter le couperet de la loi. Le président du Conseil national de l'Ordre des infirmiers, Patrick Chamboredon, espère les convaincre : "Il vaut mieux essayer de faire de la pédagogie pour convaincre les professionnels de santé d'aller à la vaccination, plutôt que d'entrer dans des difficultés avec ces professionnels qui n'iront pas plus se faire vacciner."
Si la pédagogie ne suffit pas, les représentants des Ordres et des fédérations de soignants soutiendront la loi. "Si l'incitation n'est pas suffisante, il faut éviter qu'une quatrième vague reprenne uniquement parce les personnes au contact des personnes les plus fragiles, les plus malades, celles qui font les formes graves, ne soient pas vaccinés", défend Antoine Perrin, qui dirige la Fédération des établissements hospitaliers et d'aide à la personne. Et s'il y a une loi qui oblige les soignants à se vacciner contre le Covid-19 il y aura aussi des sanctions pour ceux qui ne la respecteraient pas : de la mise à pied au licenciement.
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