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Vaccin contre le Covid-19 : la France "avance de manière si prudente, si mesurée, si hésitante, que c'est totalement dissuasif" déplore Axel Kahn

Le président de la Ligue nationale contre le cancer estime que les soignants devraient faire partie des personnes vaccinées prioritairement. Il appelle aussi le gouvernement à communiquer plus "d'enthousiasme" au sujet du vaccin.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le généticien Axel Kahn, président de Ligue nationale contre le cancer. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Le faible nombre de personnes vaccinées - une centaine - contre le Covid-19 en France depuis le lancement dimanche 27 décembre de la campagne de vaccination est de plus en plus critiqué, même si le gouvernement dit assumer ce démarrage plus lent que dans certains pays voisins. La France "avance de manière si prudente, si mesurée, si hésitante, que c'est totalement dissuasif", juge Axel Kahn, généticien, essayiste et président de la Ligue nationale contre le cancer. Il estime que "cette politique de la prudence aggrave" la résistance d'une partie de la population face au vaccin, 

franceinfo : Comment expliquer le décalage avec l'Allemagne qui a pourtant commencé en même temps que nous ?

Axel Kahn : Il y a tout d'abord un élément stratégique : l'Allemagne vaccine à la fois les soignants et les anciens, et je crois qu'elle a raison, alors que nous avons décidé de vacciner uniquement les personnes dans les Ehpad. Deuxièmement, la France semble être totalement obnubilée par l'importance de la résistance à la vaccination. Mais elle avance de manière si prudente, si mesurée, si hésitante, que c'est totalement dissuasif et je crois que cette politique de la prudence aggrave cette résistance. Ce que pensent les gens, c'est que si on prend tant de précautions, c'est que ça doit être une affaire difficile, compliquée, incertaine. Et à l'arrivée, on n'est pas du tout dans le rythme qui convient.

Vous plaidez pour une vaccination du personnel soignant ?

La situation sanitaire en France est très incertaine. On est menacés par la vague des pays voisins de l'est et par l'arrivée du nouveau variant anglais. Donc l'idée d'une très importante crise sanitaire avec une très importante pression des services hospitaliers exige qu'en priorité, les soignants soient vaccinés, pour être capables de soigner. La priorité ce sont les sujets fragiles et les personnes qui les soignent.

La validation du vaccin AstraZeneca au Royaume-Uni est-elle une bonne nouvelle, car ce vaccin sera plus facile à stocker et à déployer ?

C'est un vaccin vivant, c'est un adénovirus recombinant. Les autorités européennes mettront sans doute un peu plus de temps avant de l'accepter. En tant que vaccin vivant, il y a plus de questions qui sont à résoudre que pour le vaccin ARN qui est un vaccin inerte. D'ailleurs, on est à six millions de personnes vaccinées dans le monde. Sur ces six millions, il n'y a pas une mort par réaction vaccinale.

Il doit y avoir moins d'une personne ayant fait des réactions allergiques pour 100 000 vaccins, alors que la fréquence des allergies graves est de 1 pour 1 000.

Axel Kahn

à franceinfo

C'est-à-dire que ce vaccin à ARN qui est d'une exceptionnelle efficacité, entre 94 et 97%, est également un vaccin exceptionnellement sûr. Par conséquent, certes il faut que les gens aient la possibilité de ne pas se faire vacciner, mais il faut tout leur dire, tout leur expliquer, avec un peu d'enthousiasme, que diable ! La France a besoin de la vaccination. C'est la seule solution aujourd'hui pour s'en tirer.

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