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Vaccination contre le Covid-19 : la France va-t-elle atteindre 20 millions de premières injections au 15 mai, comme le vise le gouvernement ?

Près de 18 millions de personnes ont déjà reçu une injection, mais la marche pour atteindre les 20 millions d'ici samedi risque d'être un peu trop haute. Sauf surprise, l'objectif du gouvernement devrait avoir une ou deux journées de retard. Explications.

Article rédigé par Thomas Pontillon
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Un homme se fait vacciner à la Défense, près de Paris, le 6 mai 2021.  (THOMAS PADILLA / MAXPPP)

Les temps de passage seront-ils respectés ? Alors que le gouvernement vise 20 millions de primo-injections au 15 mai, l'objectif sera difficile à tenir au jour près. Même si la vaccination contre le Covid-19 s'accélère lundi 10 mai, avec l'ouverture à tous les plus de 50 ans sans condition et à tous les âges si des doses sont disponibles, le rythme de vaccination quotidienne risque d'être trop faible pour atteindre cette barre symbolique. 

La semaine dernière, la France injectait en moyenne environ 400 000 doses par jour, première et deuxième injections confondues.

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"C'est une question d'heures", veut rassurer Olivier Véran, le ministre de la Santé. Avec 17,8 millions de personnes qui ont déjà reçu une dose, l'objectif des 20 millions reste atteignable mais plusieurs raisons laissent penser qu'il y aura bien un léger retard dans les objectifs gouvernementaux.

Doctolib anticipe un retard de deux jours

Depuis le début de la campagne de vaccination, la plateforme Doctolib est chargée d'organiser les rendez-vous. Selon Stanislas Niox-Château, le co-fondateur du site, l'objectif du gouvernement aura un peu de retard. "Pour l'instant, nos estimations montrent qu'on sera à 20 millions plutôt lundi 17 mai, explique-t-il à franceinfo tout en jugeant que les objectifs "paraissent crédibles". "Les prochains jours vont être cruciaux parce qu'il y a des week-ends et jours fériés et qu'on vaccine deux à trois fois moins ces jours-là." L'objectif est surtout "important politiquement pour le gouvernement", relativise Stanislas Niox-Château. 

Selon le site Covid-tracker, qui suit jour après jour l'épidémie et la vaccination, l'objectif ne sera pas atteint le 15 mai. Selon ses projections, établies sur la moyenne des deux dernières semaines, la France sera à 19 447 870 premières injections. 

Pour atteindre l'objectif, Olivier Véran demande la "mobilisation générale" dans les centres de vaccination. "Nous venons de faire le meilleur week-end en termes de vaccination depuis le début de la campagne", dit-il sur LCI en promettant d'accélérer encore cette semaine. Cependant, le ministre de la Santé lui-même reconnaît que l'objectif ne sera peut-être pas tenu. "Nous serons quelque part entre 19,6 millions et 20,3 millions. Quelques heures avant ou quelques heures après, nous aurons fait les 20 millions". 

"Mon objectif aujourd'hui est davantage tourné vers les 30 millions de Français primo-vacccinés mi-juin."

Olivier Véran, ministre de la Santé

sur LCI

La vaccination dépend du nombre de doses 

Pour vacciner, il faut des doses. Si les difficultés de livraisons que l'Union européenne a connu ces derniers semaines semblent derrière nous, "les dotations de doses ne suivent pas l'élargissement de l'éligibilité", a pointé lundi 10 mai sur franceinfo le docteur Tiphaine Heurtault, responsable du centre de vaccination de Mayenne, en Mayenne. Chez elle, "les rendez-vous sont pourvus déjà depuis très longtemps. En ce qui concerne cette semaine, on n'a plus de places depuis un certain temps déjà". À tel point que cette semaine, ce centre ne sera ouvert que trois jours. Difficile d'accélérer encore la vaccination dans ces conditions...

D'après les prévisions de livraisons, consultables sur le site du ministère de la Santé, la France doit recevoir cette semaine plus de cinq millions de doses. Selon le patron de Doctolib, "on vaccine à flux tendu" mais "le facteur limitant reste le nombre de doses". "Si on avait eu les doses, on aurait explosé les 20 millions", tonne Stanislas Niox-Chateau dans le Journal du Dimanche (article payant). 

La défiance envers AstraZeneca ralentit la campagne 

La campagne de vaccination est en-dessous des objectifs du gouvernement notamment à cause de la défiance persistante à l'égard du vaccin AstraZeneca. Seulement 75% des doses reçues ont été injectées, selon des chiffres arrêtés dimanche dernier.

En visitant un vaccinodrome à la Défense, Jean Castex a "exhorté" les Français de plus 55 ans à se faire vacciner "en particulier avec AstraZeneca", car "il n'y a pas de danger". Selon le Premier ministre, "l'Allemagne nous est repassée devant en rythme vaccinal uniquement parce que le recours à AstraZeneca y est meilleur".

Selon Olivier Véran, la France vient de recevoir "deux millions de doses" de ce vaccin. Mais seulement 700 000 ont été commandées par les pharmaciens et les médecins. "On ne vaccine même pas à 10% de notre potentiel" dans les pharmacies, a regretté vendredi 7 mai sur franceinfo Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine. Pourtant, les libéraux, comme la médecine du Travail, pourraient être un des leviers pour vacciner plus vite et plus largement. 

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