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Vaccination contre le Covid-19 : les oncologues demandent que les malades du cancer soient prioritaires

"Ce sont des patients à hauts risques et il important de pouvoir leur faire bénéficier" du vaccin, défend le professeur Jean-Yves Blay, président d’Unicancer.

Article rédigé par franceinfo
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Les patients en chimiothérapie sont "à hauts risques" et "sont d'autant plus légitimes pour bénéficier" du vaccin Covid, estime le professeur Blay (photo d'illustration). (LUC NOBOUT / MAXPPP)

Les patients atteints de cancers "sont exposés à un risque majeur de complications graves" en cas de contamination au Covid-19 a affirmé le professeur Jean-Yves Blay, le président d’Unicancer mercredi 13 janvier sur franceinfo. Il demande que ces malades soient vaccinés en priorité.

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franceinfo : Pourquoi est-ce essentiel de vacciner en priorité les patients qui ont un cancer ?

Jean-Yves Blay : On sait de longue date, les études chinoises, comme les études européennes et américaines l'ont montré, que les patients atteints d’un cancer sont exposés à un risque majeur de complications graves de l'infection par SARS-CoV-2 de Covid-19. Ça s'observe pour les patients qui sont en court traitement, mais ça s'observe également pour des patients qui ont des traitements au long cours. Et de ce fait-là, la population des patients atteints de cancer est une population à haut risque.

Il s’agit de personnes qui ont déjà pu souffrir cette année de perturbations dans leur traitement ou dans le diagnostic ?

Oui, l'épidémie a entraîné des modifications des prises en charge du fait de délais d'accès pour un certain nombre de patients et ça c'est également un problème. Sur la vaccination, le principal problème est sans doute le fait que les études randomisées, qui ont permis la mise à disposition des vaccins qui sont actuellement dans notre pays et ailleurs, n'ont en général pas inclus de patients atteints de cancer, car on considérait qu'ils étaient immunodéprimées. Dans ces conditions, ils n'étaient inclus dans ces études. Ce qui rend évidemment l'analyse des performances du vaccin chez ces patients difficile. Pour autant, ce sont des patients à hauts risques et il important de pouvoir leur en faire bénéficier.

Faut-il redouter des effets secondaires du vaccin quand on a déjà un cancer ?

Je pense qu'on peut distinguer plusieurs cas de figures. Tout d'abord, les premiers patient qui ont été traités il y a moins de deux ans, par exemple, ou qui sont en cours de traitement par voie orale avec des médicaments qui ne suppriment pas l'immunité, typiquement, des hormonothérapies ou certaines thérapeutiques ciblées. Dans ce cas-là, il n'y a aucune raison de penser que la réponse immunitaire a un vaccin va être différente chez ces patients de ce qu'elle est dans une population qui n'a pas été atteinte d'un cancer ou qui n'est pas traitée. Pour ce qui est des patients qui reçoivent des chimiothérapies ou des immunothérapies, la question est moins claire. Très clairement, il faut suivre ces patients, mais ce sont également des patients qui sont à haut risque. Ils sont d'autant plus légitimes pour bénéficier de ces types de vaccin et doivent donc faire l'objet d'un suivi tout à fait particulier. Il n'y a pas de réponse formelle, donc à votre question, mais il n'y a pas non plus de raison de penser que la vaccination puisse être particulièrement associée à des effets secondaires.

Vous souhaitez inclure ces personnes atteintes de cancer dans la liste des prioritaires au vaccin, quel que soit leur âge ? Leurs proches, également ?

Quel que soit leur âge, oui, il n'y a pas de raison de se limiter de ce point de vue, car les études n'ont pas montré que l'âge était un facteur suffisant pour distinguer des patients particulièrement à haut risque. Déjà les patients atteints de cancer. Je pense que les proches, bien entendu, c'est une évidence. Avec les autorités, on partage puisqu'on est dans une situation très particulière où, effectivement, le vaccin est en train de se déployer dans notre pays et les populations sont en train d'être vaccinées. La vision des oncologues est de considérer que les patients sont plus à risque que d'autres de présenter des complications graves et donc doivent être considérés comme candidats potentiels à une vaccination à un rythme plus rapproché, à un calendrier plus précoce que ce qui est actuellement prévu avec l'exigence d'un suivi particulier.

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