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Vaccination pour les plus de 70 ans : "Une bonne nouvelle", réagit le Pr Jean-François Timsit mais il faut "être plus volontariste"

Les mesures de confinement n'ont pas été "à la hauteur" dans les régions les plus touchées, déplore le chef du service réanimation médicale et infectieuse à l'Hôpital Bichat qui propose d'espacer les injections pour vacciner plus de monde.

Article rédigé par franceinfo
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L'hôpital Bichat, à Paris (illustration). (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP)

La vaccination contre le Covid-19 va être élargie aux personnes âgées de 70 à 75 ans sans comorbidité à partir de ce samedi, a annoncé mardi 23 mars Emmanuel Macron lors de sa visite d'un centre de vaccination à Valenciennes (Nord). "C'est certainement une bonne nouvelle, on sait que la morbidité des 70-75 ans est assez élevée", a réagi sur franceinfo le Pr Jean-François Timsit, chef du service réanimation médicale et infectieuse à l'Hôpital Bichat.

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franceinfo : Cette annonce est-elle une bonne nouvelle ?

Jean-François Timsit : C'est certainement une bonne nouvelle, on sait que la morbidité de 70-75 ans est assez élevée. Les protéger très vite est une bonne chose d'autant plus qu'ils risquent d'être contaminés par les plus jeunes puisque les mesures de confinement n'ont pas été à la hauteur dans les régions les plus touchées. 

"Il faut être encore plus volontariste, vacciner cette tranche de la population puis passer sur les 50-70 ans car c'est eux qui vont avoir plus d'impact sur le système de santé hospitalier."

Pr Jean-François Timsit, chef du service réanimation médicale et infectieuse à l'Hôpital Bichat

à franceinfo

C'est pour eux que les lits de soins critiques sont ouverts, pour eux qu'on a besoin de trois semaines pour essayer de les tirer de là. Il faut probablement resonger à espacer la deuxième vaccination.

Combien de temps faudrait-il entre les deux doses ?

Jusqu'à trois semaines, jusqu'à 12 semaines il est tout à fait possible d'aller pour le vaccin Pfizer. Cela a déjà été vu et on sait que l'on a grosso modo 80% de protection avec une première dose. On se donne deux mois, deux respirations pour récupérer des doses pour aller plus vite. C'est sûr que cette stratégie volontariste de vaccination à tout crin des gens qui vont souffrir le plus du Covid-19 est fondamentale en sachant qu'on a décidé de laisser une circulation du virus très élevée, c'est notre seule chance de ne pas avoir trop de dégâts et de mortalité.

Les mesures prises dans les 16 départements les plus tendus sont-elles suffisantes ?

Malheureusement, elles sont difficiles à comprendre, elles dépendent beaucoup de la responsabilisation individuelle. Il y a beaucoup de défiance du public, plus de solidarité, beaucoup d'angoisse et de ras-le-bol de la population qui a du mal à suivre ces règles. À mon avis, elles sont insuffisantes pour aller au bout. L'espoir vient de la vaccination, le bout du tunnel est au bout de cette route-là. Il faut que les gens tiennent le coup ces deux ou trois mois sans faire n'importe quoi. La solidarité entre les gens est fondamentale pour que collectivement on se sorte de là, j'espère une sortie à la fin de l'été.

Emmanuel Macron annonce l'ouverture de 35 vaccinodromes. Est-ce que cela va être utile ?

Oui, tout ce qui est encourageant, favorable, à la mise en route d'une vaccination de masse est quelque chose qui sera certainement utile. Il va y avoir des critiques mais ce n'est pas grave. Ces moyens humains qui vont être mis en place seront toujours bons à prendre. Je suis absolument favorable à l'ouverture maximum des capacités vaccinales et de la capacité du public à avoir accès à ces vaccins.

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