Vaccins contre le Covid-19 : qui est éligible à la dose de rappel et pour quelle raison ?
Emmanuel Macron a annoncé que les plus de 65 ans n'ayant pas reçu une dose de rappel six mois et cinq semaines après leur deuxième dose verraient leur pass sanitaire désactivé, à partir du 15 décembre.
Une cinquième vague attendue. L'épidémie de Covid-19 repart en Europe de l'Ouest, y compris en France. Certes, le pays bénéficie d'un taux élevé de vaccination, avec 75% de la population ayant reçu toutes les doses requises, selon les données de l'agence Santé Publique France. Mais l'immunité induite par le vaccin diminue avec le temps, spécialement pour les personnes les plus vulnérables.
Or moins de la moitié des 7,7 millions de personnes éligibles à une dose de rappel en ont bénéficié, selon les données publiées le 7 novembre. Soit un rythme moins rapide qu'espéré. Pour accélérer le mouvement, l'exécutif a annoncé que les plus de 65 ans n'ayant pas effectué cette dose de rappel six mois et cinq semaines après leur deuxième dose verraient leur pass sanitaire désactivé à partir du 15 décembre. Mais au fait, qui est éligible à cette dose supplémentaire et pour quelle raison ?
Les plus de 65 ans
Les recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) : A partir des "données disponibles", la HAS a proposé, dans son avis rendu le 24 août, "une dose de rappel avec un vaccin à ARN-messager (donc Pfizer ou Moderna) pour les personnes de 65 ans et plus." Cette dose de rappel doit être "administrée après un délai d'au moins 6 mois suivant la primovaccination complète". La dose de rappel consiste en une troisième injection de vaccin pour les personnes ayant eu deux doses six mois plus tôt, ou une deuxième injection pour celles qui ont été considérées comme complètement vaccinées avec une seule dose, parce qu'elles avaient contracté la maladie auparavant.
La campagne de vaccination pour cette catégorie de la population a officiellement commencé début septembre. Elle avait débuté dès le mois d'août dans les Ehpad.
La raison : Il s'agit de renforcer les défenses immunitaires des personnes âgées face au virus, qui faiblissent avec le temps. Si cette diminution concerne l'ensemble de la population vaccinée, la HAS précise que "les personnes âgées et les populations à risque de formes graves" demeurent "les plus affectées". "On sait que les personnes âgées fabriquent moins d'anticorps, que le vaccin prend moins bien", avait expliqué fin août sur France Inter
Cette baisse immunitaire a été documentée par une étude israélienne publiée fin octobre dans The New England Journal of Medicine. Pour les vaccinés de 60 ans et plus, l'efficacité contre la contamination au virus est encore de 73% quatre mois après la deuxième injection, mais elle tombe à 57% après six mois. Si l'efficacité contre les formes graves de Covid-19 reste haute, elle chute de 95% à 86% au bout de six mois pour cette même population, résume France 2.
Or le risque de développer une forme grave de Covid-19 croît fortement avec l'âge. D'où l'utilité de la dose de rappel qui "permet de relever l'efficacité vaccinale sur les cas d'infection et les formes sévères", précise la HAS dans un avis rendu début octobre. Pour étayer son propos, elle cite une étude montrant l'"efficacité observée en vie réelle" aux Etats-Unis et en Israël lorsqu'une troisième dose de vaccin Pfizer a été "administrée chez les personnes de 60 ans ou plus vaccinées avec deux doses au moins cinq mois auparavant". "Ces résultats montrent notamment des cas d'infections 11,3 fois moins élevés et des cas de formes graves 19,5 fois moins élevés parmi les personnes ayant eu une dose de rappel que chez celles n'en ayant pas bénéficié", écrit la HAS.
Les personnes atteintes de comorbidités et immunodéprimées
Les recommandations de la Haute Autorité de santé : La HAS préconise également dans son avis du 24 août "une dose de rappel avec un vaccin à ARN messager" pour toutes "les personnes présentant des comorbidités qui augmentent le risque de formes graves de Covid-19". Sont concernées, comme le précise la direction générale de santé, toutes les personnes à risque de forme grave à partir de l'âge de 12 ans. Il s'agit des personnes atteintes de diabète, d'obésité, ou d'insuffisance cardiaque… La dose de rappel doit leur être administrée six mois après la vaccination complète.
Le délai est plus court pour les immunodéprimés, ces personnes dont le système immunitaire est affaibli (par un cancer ou une greffe d'organe, par exemple). "Pour cette catégorie, l'administration de la dose de rappel peut être réalisée dans un délai inférieur à six mois (mais d'au moins trois mois), dès lors qu'il est jugé par l'équipe médicale qu'elle permettrait d'améliorer la réponse immunitaire", précise la direction générale de la santé.
La raison : Il s'agit, là encore, de "booster" l'efficacité des vaccins qui semble s'émousser avec le temps, notamment contre l'infection au variant Delta. "Du point de vue scientifique", souligne la HAS, un consensus existe autour de cette dose de rappel pour les personnes immunodéprimées : "Des études ont montré que malgré la vaccination, leur organisme ne produisait pas suffisamment d'anticorps (principal critère pour évaluer l'efficacité des vaccins)."
Les soignants et l'entourage des personnes immunodéprimées
Les recommandations de la Haute Autorité de santé : La HAS a demandé, le 6 octobre, d'étendre la dose de rappel à tous les professionnels de santé, du transport sanitaire, du secteur médico-social, ainsi qu'à l'entourage des personnes immunodéprimées.
La raison : L'objectif, ici, consiste à protéger les soignants, mais surtout à réduire au maximum le risque qu'ils transmettent le virus aux patients et aux personnes fragiles. Et si possible à éviter la formation de clusters dans les établissements de soins et de santé. La HAS remarque en effet qu'"en dépit des précautions prises, on observe toujours un nombre significatif d'infections" au Covid-19 dans des lieux d'hébergement et de soins comme les Ehpad.
"Limiter la transmission du virus (…) et protéger les plus vulnérables reste primordial."
la Haute Autorité de santédans un avis rendu le 6 octobre
La dose de rappel permet de relever l'efficacité vaccinale contre les contaminations, qui s'affaiblit avec le temps. Elle protège donc la personne vaccinée et son entourage. C'est le même raisonnement qui pousse la HAS à recommander une dose de rappel chez les adultes entourant les personnes immunodéprimées, pour développer la stratégie dite de "cocooning", qui consiste à édifier un bouclier sanitaire autour de la personne vulnérable.
Les personnes vaccinées avec Janssen
Les recommandations de la Haute Autorité de santé : La HAS estime, dans son avis du 24 août, que les personnes ayant reçu le vaccin unidose Janssen doivent se voir proposer une dose de rappel avec un vaccin à ARN messager "à partir de quatre semaines après la première injection".
La raison : Le vaccin Janssen n'est pas jugé assez efficace contre le variant Delta, parce qu'il ne contient qu'une seule dose. "Les données montrent en effet une protection insuffisante conférée par une seule dose de vaccin contre les formes symptomatiques liées au variant Delta, écrit la HAS, et les données disponibles ne permettent pas de confirmer l'efficacité à long terme du schéma de vaccination à une dose du vaccin Janssen contre le variant Delta."
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