Vaccins contre le Covid-19 : en espaçant les deux doses de vaccin, "on risque d'avoir des mutations" du virus, alerte un professeur de médecine
Le gouvernement a décidé de différer jusqu'à six semaines l'injection de la deuxième dose de vaccin. L'Académie de médecine, dont Yves Buisson est membre, préconise pourtant de ne pas dépasser les trois semaines.
Alors que l'Académie nationale de médecine recommande "de ne différer l'injection de la seconde dose [du vaccin contre le Covid19] que si les circonstances l'exigent et sans excéder un dépassement de trois semaines", le gouvernement a lui décidé de différer jusqu'à six semaines l'injection de la deuxième dose du vaccin Pfizer/BioNTech, afin de pouvoir vacciner davantage de personnes. En espaçant les deux doses de vaccin, "on risque d'avoir des mutations" du virus, a alerté mardi 12 janvier sur franceinfo le professeur Yves Buisson de l'Académie nationale de médecine, président de la cellule Covid-19.
Une immunité très faible entre deux injections
"Prolonger le délai entre les deux injections" permet d'"augmenter le nombre de personnes qui recevront la première dose de vaccin", explique Yves Buisson. "Cette préconisation n'est pas mauvaise dans le principe." Mais il souligne "quelques réserves" émises par l'Académie de médecine. "Lorsque le vaccin comporte deux injections, le délai entre les deux injections est fixée par l'autorisation de mise sur le marché, 21 jours pour le vaccin Pfizer, 28 jours pour le vaccin Moderna." Il souligne que le délai peut être "élargi" s'il n'y a pas "de risque majeur, jusqu'à deux ou trois semaines". Le professeur assure que la deuxième injection "apportera un effet rappel de la même qualité".
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Mais Yves Buisson souligne qu'il y a "un problème" sur la période entre la première et la deuxième infection. "Pendant cette période, l'immunité est en train de se constituer. Au bout de quinze jours, trois semaines, apparaissent les anticorps. Ce délai entre les deux injections est un délai où les personnes sont très faiblement immunisées." En période de pandémie, "le risque d'être infecté pendant cette période qui sépare les deux injections est un risque élevé et l'infection survenant pendant cette période peut se révéler dommageable", alerte le scientifique.
L'objectif d'un million de vaccinés fin janvier "très difficile à atteindre"
À titre individuel, il peut y avoir "des réactions dues au fait que les anticorps qui sont en train de se développer ne sont pas encore des anticorps matures". Cela peut engendrer "des problèmes de maladies aggravées par les anticorps facilitants".
"Dans une population qui est très faiblement immunisée, qui attend sa deuxième injection, si l'infection survient, on risque d'avoir des mutations. Et les mutants qui risquent d'apparaître pendant cette période sont des mutants qui pourront être résistants aux anticorps induits par la vaccination".
Yves Buissonà franceinfo
En respectant les règles de l'autorisation de mise sur le marché, on évite "des risques théoriques", conclut Yves Buisson.
Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a fixé un objectif d'un million de personnes vaccinées fin janvier. Pour Yves Buisson, "ce sera très difficile à atteindre". Il précise que le ministre a annoncé "27 millions à la fin du mois de juin". "Si on atteint ces objectifs, on arrivera effectivement à constituer un barrage par la couverture immunitaire contre l'épidémie. Maintenant, il faut s'en donner les moyens", insiste le professeur de médecine. Pour le moment, il se dit "pas vraiment convaincu que les moyens mis en place permettront d'atteindre ces objectifs. Mais j'espère me tromper".
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