Covid-19 : le pire de la cinquième vague est-il vraiment "derrière nous", comme l'affirme Olivier Véran ?
Le nombre de nouveaux cas est certes en train de chuter, une baisse se dessine pour les hospitalisations, mais les décès quotidiens sont toujours aussi nombreux.
"Le pire est derrière nous et nous avons fait le plus dur", s'est félicité Olivier Véran, le ministre de la Santé, jeudi 3 février, sur BFMTV. Au moment où la France allège progressivement les restrictions sanitaires mises en place pour faire face à la 5e vague de Covid-19, avec notamment la levée de l'obligation du port du masque en extérieur, le gouvernement se veut optimiste. Légitimement ? Que disent les chiffres ? Franceinfo fait le point sur la dynamique de l'épidémie en France.
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Depuis le 26 janvier, les nouvelles contaminations amorcent effectivement une baisse. Le nombre de cas détectés quotidiennement, lissé sur sept jours, est ainsi passé d'un peu plus de 366 000 le 25 janvier à 306 000 au 2 février.
"C'est encourageant ! affirme Samuel Alizon, chercheur au CNRS sur les maladies infectieuses. Mais comme toujours en science, il y a une marge d'incertitude donc il faut rester prudent." D'autant qu'un autre indicateur incite à la précaution : le taux de positivité des tests. Si le nombre de tests réalisés chute depuis mi-janvier, le pourcentage de positivité ne cesse lui de croître. Au 30 janvier, près de 31% des tests réalisés étaient positifs. Un record qui montre que la circulation du virus reste très importante.
Cet indicateur comporte toutefois un biais, puisqu'il dépend beaucoup de la raison qui a poussé à faire un test : si une personne se fait tester parce qu'elle a des symptômes ou qu'elle est cas contact, la probabilité d'avoir un résultat positif est plus forte que si le test est réalisé par précaution avant un événement familial par exemple. Aussi, depuis le 24 janvier et l'entrée en vigueur du pass vaccinal, il ne suffit plus de présenter un test négatif pour obtenir son pass sanitaire. Ce qui a pu faire augmenter le taux de positivité.
"Une descente lente ou un long plateau peut causer plus de cas que la montée"
Par ailleurs, il est important de noter que si le taux d'incidence baisse nettement chez les moins de 60 ans, ce n'est pas le cas chez les plus âgés. Les plus de 60 ans ont toujours un taux d'incidence bien plus faible que le reste de la population (1 227 pour 100 000 habitants contre 4 267 au 30 janvier). Mais ce taux ne baisse pas pour l'instant et il est même en légère hausse chez les plus de 90 ans. "Le variant Omicron a commencé à circuler chez les plus jeunes", souligne Samuel Alizon, et sa propagation chez la population la plus âgée est décalée, ce qui pourrait se ressentir sur le nombre d'hospitalisations voire de décès.
Si l'on jette un œil aux nouvelles hospitalisations, une baisse très légère s'observe dans les données depuis quelques jours. Un pic semble se dessiner autour du 28 janvier, mais moins nettement que pour la courbe des nouveaux cas. Le nombre d'admissions quotidiennes à l'hôpital de personnes testées positives au Covid-19 est ainsi passé de 2 824 au 28 janvier à 2 784 le 2 février. Une baisse toute relative, donc.
"En théorie, le pic du nombre de dépistages se répercute une semaine plus tard sur les hospitalisations et encore une semaine après dans les données de mortalité", rappelle Samuel Alizon. Conséquence : les chiffres des décès ne montrent pour le moment pas de baisse significative. La France compte encore une moyenne de 264 morts quotidiennes liées au Covid-19 au 1er février.
"Plus généralement, il faut se garder de se focaliser seulement sur le pic épidémique car la vitesse de la descente du pic est encore plus importante", note le chercheur du CNRS. Ainsi, "une descente lente, voire un long plateau, pourrait causer au final bien plus de cas que la montée. Certes on ne dépasserait pas les capacités maximales du système hospitalier, mais cela pèserait sur les soignants et aussi sur tous les patients dont les soins seraient reportés".
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