: Vidéo Covid-19 : pourquoi le décompte au jour le jour du nombre de morts est-il à prendre avec prudence ?
Arianna Caporali, ingénieure de recherche à l'INED et Gilles Pison, démographe et chercheur, expliquent pourquoi la remontée à Santé publique France ne se fait pas toujours facilement.
"C'est des données qu'il faut prendre avec prudence parce qu'on est dans une situation d'urgence, de crise." Arianna Caporali, ingénieure de recherche à l'INED rappelle que les systèmes de comptage des morts ont été mis en place dans l'urgence. "En France notamment, les décès sont remontés par le biais du Si-vic : le système d'informations pour le suivi des victimes d'attentats et des situations sanitaires exceptionnelles", précise-t-elle. Instauré à la suite des attentats de 2015, le Si-vic comptabilise chaque jour les morts à l'hôpital.
Des chiffres probablement inexacts
Depuis fin mars 2020, les EHPAD recensent eux aussi les morts au quotidien. Mais ce chiffre est imprécis car les EHPAD n'ont pas systématiquement testé leurs résidents décédés. Ainsi, le décompte des morts du Covid-19 en France est probablement inexact. Aussi, le décompte au jour le jour ne recense pas les morts à domicile. "Il repose sur le décompte des morts à l'hôpital et en maisons de retraite", indique Gilles Pison, démographe et chercheur à l'INED. Ces décès peuvent apparaître dans le bilan global avec du retard. "Il peut y avoir des à-coups dans les statistiques et dans les décomptes journaliers et puis du coup, il peut y avoir aussi des rattrapages dans les jours suivants", ajoute Arianna Caporali.
En mars et avril 2020, l'Insee compte environ 24 000 morts supplémentaires par rapport à la même période en 2019. La surmortalité est supérieure dans les départements fortement touchés par l'épidémie. Mais la hausse du taux de mortalité ne peut pas être reliée de façon certaine à l'épidémie de Covid-19. Par exemple, l'épidémie et le confinement ont conduit à des décès indirects liés aux violences conjugales, à la surcharge des services de réanimation ou encore à la baisse des consultations chez le médecin.
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