: Vidéo "Des fois, on se dit qu'un autre métier serait plus simple" : la détresse des soignants quand leurs patients décèdent du coronavirus
Etre confrontés à la mort, ces soignants y sont habitués. Mais dans la crise du coronavirus, ils souffrent aussi de ne pas pouvoir recevoir les familles des patients, et de ne pas avoir le temps de les accompagner dans un processus de deuil. A l'hôpital de Colmar, dans le Haut-Rhin, "Envoyé spécial" a suivi le quotidien de ceux qui se battent pour sauver des vies.
Dans le Haut-Rhin, l'un des foyers de l'épidémie de coronavirus, la vie à l'hôpital de Colmar ne tient parfois qu’à un fil. Guillaume, 31 ans, s’occupe des 15 lits de réanimation. Ce jour-là, il a en charge un patient arrivé quatre jours plus tôt, pour qui les respirateurs ne suffisent plus. Les médecins tentent une opération de la dernière chance : la pose d'un Ecmo (de l'anglais "extracorporeal membrane oxygenation"), un appareil qui remplace les poumons. Malheureusement, quelques heures plus tard, le patient succombe au virus. Dans le service de Guillaume, c'est le premier décès dû au Covid. D'autres suivront malheureusement.
"C'est des moments qu'on n'a pas envie de vivre, réagit le jeune homme, et qu'on vit systématiquement mal. C'est un échec pour l'équipe, c'est quelque chose de triste pour la famille, c'est triste pour nous aussi…" Dans ces moments-là, il avoue se dire parfois "qu'un autre métier serait plus simple".
"Les familles, il faudrait qu'elles puissent être à côté de leurs proches, et là c'est pas possible"
Ces soignants sont habitués à être confrontés à la mort. Mais dans la crise du coronavirus, il y a autre chose qu'ils vivent mal : ne pas pouvoir accompagner les familles dans cette période de deuil.
"Les familles, il faudrait qu'on puisse les recevoir, il faudrait qu'ils puissent être à côté de leurs proches, être dans la chambre avec eux ; et puis là, c'est simplement pas possible, regrette un autre soignant. D'habitude, on prend le temps d'expliquer aux gens que le processus de deuil se fait aussi avec la relation qui se passe à ce moment-là avec le soignant, qui prend le temps d'expliquer pourquoi le patient va décéder. Là, actuellement, on n'a pas ce contact visuel, ce contact physique avec les familles, et c'est vraiment difficile."
Extrait de "Ils sauvent des vies", un reportage à voir dans la "Soirée 2 l'info : Coronavirus : l'état d'urgence" que proposent "Envoyé spécial" et "Complément d'enquête" le 2 avril 2020.
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