Violences en Martinique : "Il ne fallait pas grand-chose de plus pour qu'il y ait des morts", alerte un syndicat de police
Alors que des forces de l'ordre et des pompiers ont été visés par des tirs à balles réelles dans la nuit de lundi à mardi en Martinique, le secrétaire régional du syndicat Unité SGP Police FO dénonce sur franceinfo "une tentative d'assassinat".
"Il ne fallait pas grand-chose de plus pour qu'il y ait des morts", s’est alarmé mardi 23 novembre sur franceinfo Claude Copel, le secrétaire régional du syndicat Unité SGP Police FO en Martinique, après que des forces de l'ordre ont été visées par des tirs à balle réelle dans la nuit de lundi à mardi. Depuis lundi, la Martinique est touchée par une grève générale contre le pass sanitaire et l'obligation vaccinale imposée aux soignants, à l'image de ce qui se déroule en Guadeloupe.
franceinfo : Que s’est-il passé dans la nuit de lundi à mardi en Martinique ?
Claude Copel : Nous sommes tombés dans un guet-apens en voulant assurer la protection des pompiers sur un incendie volontaire. Nous avons reçu des coups de feu avec du calibre 12 : ce sont donc des tirs à balle réelle sur les forces de police. Il s'agit clairement d'une tentative d'assassinat, n'ayons pas peur des mots. Un groupe de personnes a profité de la manifestation tout à fait légitime de certains Martiniquais concernant le pass sanitaire et l'obligation vaccinale. Ils ont profité de ce déséquilibre du fonctionnement de la société pour s'en prendre aux forces de l'ordre, tirer à balle réelle et mettre en place des guet-apens pour faire en sorte qu'il y ait des morts du côté de la police. Même si aucun blessé n'est à déplorer et que les dégâts ne sont que matériels, lorsqu'on a du calibre 12 qui tombe sur le battant de la portière du conducteur, cela veut dire qu'il ne fallait pas grand-chose de plus pour qu'il y ait des morts. Nous, nous tapons du poing sur la table et nous disons que maintenant cela suffit. Ce n'est pas en envoyant, comme pour la Guadeloupe, le Raid et le GIGN de manière ponctuelle pour éteindre le feu que la situation va se rétablir dans nos territoires.
Attendez-vous tout de même ces renforts ou cela jetterait-il de l'huile sur le feu ?
Il est évident que tant qu'il y a des renforts,c’est mieux. Cela permet aux collègues de se reposer parce que, depuis plusieurs mois, nous sommes sur le qui-vive sur les lieux d'intervention et de maintien de l'ordre. Nous souhaitons surtout que le renfort envoyé du ministère de l'Intérieur soit pérenne. Il ne faut pas que ce soit un renfort qui viendra parce que les choses sont montées crescendo et, deux ou trois semaines après, que ces fonctionnaires de police repartent dans l'Hexagone.
Manquez-vous de moyens humains et matériels depuis plusieurs mois ?
On manque de moyens depuis des années. Nous avons eu beaucoup de blessés dans nos rangs, des gens qui ont frôlé la mort en tant que fonctionnaire de police simplement pour protéger le citoyen. On ne peut pas tolérer que notre ministère de tutelle se réveille un beau matin et se dise effectivement qu’il faut des renforts. Lorsque vous avez la responsabilité, c'est un devoir régalien de protéger une population. Vous devez mettre en place tous les moyens en hommes, en matériels et en technologies pour pouvoir protéger sa population. Nous avons le sentiment d'être les laissés pour compte de la République. Les renforts permettraient aussi de faire en sorte qu'il y ait un apaisement dans cette population. Heureusement, nous sommes des professionnels et nous savons gérer notre sang-froid, mais nous restons quand même des hommes.
Sentez-vous que la tension pourrait monter encore dans les prochains jours ?
Nous ne voudrions pas que ce qu’il se passe en ce moment en Guadeloupe arrive en Martinique. Cet effet de mimétisme existe dans cette population délinquante. Par ailleurs, je fais bien la différence entre ceux qui manifestent concernant cette crise sanitaire et ceux qui commencent à partir de minuit ou 1 heure du matin et vont s'en prendre aux forces de l'ordre. Il est évident que cela commence à monter crescendo. Ne permettons pas à cette minorité de délinquants de continuer sans problèmes à pouvoir porter atteinte aux intérêts de la population martiniquaise parce qu'il s'agit bien de Martiniquais qui risquent de tuer des Martiniquais. Il ne faudrait pas qu'on arrive à ce stade-là.
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