Don du sang : "D’ici la fin du mois de janvier, on pourrait être en très grande difficulté", selon l'EFS
François Charpentier, directeur de la chaîne transfusionnelle à l’Établissement français du sang, a tiré la sonnette d'alarme, mardi sur franceinfo, devant une possible pénurie de sang si la tendance ne s'inversait pas dans les jours à venir.
L’Établissement français du sang (EFS) lance un appel urgent aux dons lors d'une nouvelle campagne de sensibilisation qui démarre cette semaine. "Les stocks sont faibles", a expliqué, François Charpentier, directeur de la chaîne transfusionnelle à l’EFS, mardi 10 janvier sur franceinfo. Le médecin a même prévenu que "si la tendance ne s’inverse pas dans les jours à venir, d’ici la fin du mois de janvier, on pourrait être en très grande difficulté".
franceinfo : Où en sont vos stocks ?
François Charpentier : Nos stocks sont faibles. Pour vous donner un ordre de grandeur, nous avons 73 500 produits au plan national pour les globules rouges. C’est à peine au-dessus de notre niveau de couverture minimale. Nous avions un objectif fin décembre d’avoir 100 000 produits pour passer le cap du mois de janvier qui se caractérise par une tendance baissière. Malheureusement, nous n’avons pas pu atteindre ce chiffre. Nous étions à 88 000 produits fin 2016.
La baisse du mois de janvier est traditionnelle. Elle est liée aux épidémies comme la grippe, et aux conditions climatiques. La grippe joue sur notre capacité à prélever. Tous les ans au mois de janvier, on a un mois difficile et on anticipe. Il ne faut pas que les gens retiennent qu’on n’a pas suffisamment de produits.
Existe-t-il des risques pour les personnes qui ont besoin d’être transfusées dans l’immédiat ?
Aujourd’hui, non. Que les gens soient tranquilles par rapport à ça. Par contre, si la tendance ne s’inverse pas dans les jours à venir, d’ici la fin du mois de janvier, on pourrait être en très grande difficulté. L’appel qu’on lance est un appel important, que l’on qualifie d’urgent. Il faut donner dans les jours qui viennent. Il faut y aller aujourd’hui, demain et les autres jours. Nous avons besoin de 10 000 dons de sang tous les jours. C’est par paquet de 10 000 que l’on travaille. Il faut que nos donneurs et les non donneurs fassent leur expérience de don à cette occasion.
Le don du sang ne reste-t-il pas trop souvent un geste émotionnel après un attentat ou une catastrophe ?
Vous faites allusion à la fréquentation exceptionnelle que nous avons connue lors des attentats de novembre. Nous avons constaté que les donneurs, qui sont venus à ce moment-là, malgré tous nos efforts, ne sont pas revenus.
ll y a des passages à l’acte aux dons qui sont déclenchés parce qu’il y a une émotion extrêmement forte. Il faut que nos concitoyens apprennent à dépasser ce déclenchement purement émotionnel.
François Charpentier, directeur à l'EFSà franceinfo
Nous devons les aider à y arriver en faisant de la pédagogie car nos produits ont une durée de vie extrêmement courte. Pour un produit comme les plaquettes, c’est cinq jours. Pour les globules rouges, c’est 42 jours. Quand on compare cela à la durée de vie d’un médicament, ce n’est pas grand-chose. Dans la suite des attentats de novembre, un des grands challenges que nous avons eu, c’est qu’on était à la tête d’un stock trop important pour les besoins qu’on avait. Fort heureusement, on a réussi à éviter des péremptions grâce à un système de régulation nationale.
Tous les établissements de transfusion sanguine de France sont reliés entre eux. Nous avons une logistique extrêmement performante. On échange les produits entre nous pour éviter les péremptions et on y est arrivés. C’est pour cela que l’on ne peut pas se permettre d’avoir un stock trop important. En revanche, quand nous n’en avons pas assez, nous compromettons la sécurité de nos concitoyens.
Vous n’utilisez que du sang provenant de donneurs vivant sur le sol français ?
La France est autosuffisante. C’est une des grandes missions de l’Établissement français du sang qui est un établissement public. Tous les produits, que nous mettons à disposition des hôpitaux, proviennent de dons de sang réalisés en France métropolitaine et dans les départements d'Outre-mer. Ils respectent nos règles éthiques qui reposent sur le non-profit, l’anonymat, le bénévolat et la gratuité. Nous avons besoin de 350 000 nouveaux donneurs tous les ans.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.