Fin des visas, quarantaines forcées, expulsions... Quand certains pays prennent des mesures radicales face à Ebola
A l'image des Etats-Unis ou de la Belgique, certains pays ont pris des décisions drastiques pour éviter d'être touchés par l'épidémie. Mais leur efficacité est contestée par des spécialistes de la santé.
Plus de 10 000 personnes ont été contaminées par le virus Ebola dans huit pays - principalement en Afrique de l'Ouest - depuis le début de l'année, et près de la moitié sont mortes, selon le dernier bilan de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Pour se protéger face à cette épidémie, certains pays ont pris des mesures drastiques, mais leur efficacité est critiquée.
Fin des expulsions en Belgique
La Belgique a indiqué, lundi 27 octobre, qu'elle avait cessé, depuis la mi-août, les expulsions forcées d'immigrés clandestins vers les pays africains touchés par Ebola. Non pas pour protéger ces migrants, mais pour éviter que ses agents de police, qui les raccompagnent, soient touchés par la maladie.
Pourtant, la Sierra Leone et le Liberia, concernés par l'épidémie, ne font pas partie des 20 premiers pays d'origine des demandeurs d'asile en Belgique. Et la part des Guinéens, qui représentaient le deuxième plus gros contingent de demandeurs d'asile, a diminué en 2014.
Plus de visas en Australie
En Australie, le ministre de l'Immigration a déclaré, lundi devant le Parlement, que le gouvernement "suspendait provisoirement [son] programme d'immigration, y compris [son] programme humanitaire, en provenance de pays infectés par le virus Ebola".
Les nouvelles demandes de visas ne sont plus instruites et les visas temporaires déjà accordés aux personnes n'ayant pas encore quitté leur pays sont annulés. Les personnes ayant obtenu des visas permanents sur des bases humanitaires sont, elles, soumises à trois séries d'examens médicaux, avant leur départ, et une nouvelle fois à leur arrivée en Australie. Les autres détenteurs de visas longues durées doivent, avant de partir, se soumettre à trois semaines de quarantaine.
Cette annonce survient alors qu'une jeune fille de 18 ans, arrivée il y a 12 jours en Australie en provenance de Guinée, a été placée à l'isolement dans un hôpital de l'Etat de Queensland après avoir présenté de la fièvre. Les tests se sont révélés négatifs pour le virus Ebola mais elle subira de nouveaux examens mercredi.
Des mises en quarantaine d'office aux Etats-Unis
Aux Etats-Unis, les Etats de New York et du New Jersey avaient instauré, vendredi, une mise en quarantaine obligatoire pour tous les voyageurs ayant eu des contacts avec des malades en Afrique de l'Ouest, même en l'absence de symptômes. Une décision prise après la découverte d'un premier cas d'Ebola chez un médecin à New York. L'Illinois a pris la même décision dimanche. Mais, après de vives critiques, et sous la pression de la Maison Blanche, l'Etat de New York a assoupli ces règles.
"Le meilleur moyen de nous protéger est de mettre fin à l'épidémie en Afrique, et le meilleur moyen de combattre la maladie là-bas est d'envoyer un maximum de personnels de santé sur place pour aider à soigner les malades, tance le directeur de l'Institut américain des allergies et des maladies infectieuses (NIAID), le Dr Anthony Fauci. Quand ils reviennent, ils doivent être traités d'une manière qui ne les décourage pas d'aller là-bas." Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, lui aussi, appelle à ne pas "stigmatiser" les membres du personnel de santé de retour d'Afrique de l'Ouest "pour leur dévouement altruiste".
L'infirmière américaine Kaci Hickox, la première personne placée en quarantaine d'office, a porté l'estocade la plus vive contre ces mesures. Elle déplore d'avoir été interrogée "comme une criminelle". Elle avait été isolée à son retour d'une mission en Sierra Leone. Arrivée à l'aéroport de Newark, dans le New Jersey, elle a été interrogée durant plusieurs heures et conduite à l'hôpital. Les tests menés sur elle ont, pour l'instant, été négatifs.
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