Vaccin contre la grippe en pharmacie : "une vraie mauvaise solution"
Les pharmaciens vont pouvoir vacciner contre la grippe. L'Assemblée nationale a donné son accord jeudi 27 octobre. Une mesure "anecdotique" pour Jean-Paul Ortiz, le président de la Confédération des syndicats médicaux français (CMSF).
Se faire vacciner contre la grippe chez son pharmacien, ce sera bientôt possible. Jeudi 27 octobre, l'Assemblée nationale a donné son accord, à titre expérimental. Les médecins pourront, quant à eux, stocker les vaccins dans leur cabinet. Une "vraie mauvaise solution" a dénoncé Jean-Paul Ortiz, président de la Confédération des syndicats médicaux (CMSF), sur franceinfo, vendredi 28 octobre.
franceinfo : Comment réagissez-vous à cette décision de l’assemblée nationale ?
Jean-Paul Ortiz : Je pense que c’est une vraie mauvaise solution. Aujourd’hui, en France, il y a une crise de confiance d’un nombre important de Français vis-à-vis de la vaccination. C’est une situation particulière par rapport aux autres pays européens. La conséquence, cela a souvent été des mesures prises par les pouvoirs publics, qui sont allées dans le mauvais sens. Par exemple, lors de la vaccination contre le H1N1, on avait multiplié les lieux d’injections, les "vaccinodromes" dans les salles des fêtes, dans les gymnases, etc... Résultat : nous avons perdu quasiment dix points de taux de vaccination sur les populations exposées. Je voudrais aussi rappeler que les infirmières et infirmiers peuvent déjà faire une vaccination de renouvellement sans qu’on soit obligé de passer par le médecin. Comment restituer cette confiance ? Il faut dialoguer avec son médecin traitant qui pourra répondre à vos interrogations.
Vous pensez que les pharmaciens n’inspirent pas autant confiance qu’un médecin ?
C’est dans un dialogue singulier qu’on va pouvoir apporter les réponses. Ce n'est pas derrière un comptoir d’une pharmacie, ce n’est pas en multipliant les lieux d’injection qu’on va faire remonter les taux de vaccination. C’est un objectif que nous partageons tous. Aujourd’hui, nous avons ce problème dans notre pays mais c’est bien en recentrant la vaccination sur le médecin traitant, et donc dans le climat de confiance, dans le dialogue singulier, que nous pourrons remonter le taux de vaccination.
N’y a-t-il pas aussi la crainte de certains médecins de voir des actes leur échapper ?
Ce n’est pas un problème d’actes qui peuvent échapper, c’est un problème d’orientation de notre système de santé vers la prévention. Nous avions proposé la création de véritables consultations de prévention : on aurait mis à jour le carnet de vaccination mais on aurait aussi parlé des problèmes d’obésité, de conduites addictives auprès des populations exposées, en particulier les jeunes. Voilà ce qu’il faut faire dans notre système de santé. Ce n’est pas en multipliant les lieux d’injection qu’on va résoudre quoi que ce soit. C’est encore une fois une mesure anecdotique qui ne va pas au fond du problème.
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