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Hypertension : l'intérêt d'un traitement plus agressif des sujets à risque se confirme

Actuellement, les patients hypertendus à haut risque sont encouragés à abaisser leur pression systolique sous le seuil de 140 mmHg (150 mmHg chez le sujet âgé). Cet automne, un important essai clinique - SPRINT - révélait l'intérêt d'objectifs plus ambitieux. En réalisant une synthèse critique de 123 études scientifiques, des chercheurs confirment qu'abaisser la pression en-deça de 120 mmHg chez les plus de 50 ans, présentant au moins un autre facteur de risque, épargnerait de nombreuses vies.
Article rédigé par La rédaction d'Allodocteurs.fr
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L'avantage de diminuer une pression artérielle élevée est bien établi. Mais l'incertitude demeure sur l'opportunité de traiter les personnes avec des pressions sanguines plus faibles, mais affectées par certaines pathologies (maladies rénales, diabète, antécédents cardiaques...). De nombreuses études scientifiques plaidaient en faveur d'objectifs de réduction plus ambitieux, mais les données issues de ces travaux étaient rarement mises en perspectives.

En novembre, la publication des résultats de l'essai SPRINT (qui a impliqué six années durant 9.300 hypertendu(e)s de plus de 50 ans "présentant un autre facteur de risque" [1]) n'a plus guère laissé de doute : durant le suivi le nombre d'accidents cardiovasculaires chez les patients abaissant leur tension à 120 mmHg avait été 24% inférieur à ceux des patients visant 140 mmHg. La mortalité recensée fut inférieure de 27%. L'effet apparaissait d'autant plus net que l'objectif de 120 mmHg est atteint rapidement.

Des résultats issus du suivi de plus 600.000 patients

Ce 24 décembre, la revue scientifique The Lancet publie une méta-analyse basée sur 123 essais publiés entre 1966 et juillet 2015, impliquant plus de 600.000 personnes. La conclusion de cette synthèse est que chaque réduction de 10 mmHg de la pression artérielle systolique réduit les risques d'attaques cardiaques d'environ un cinquième, d'accident vasculaire cérébral et d'insuffisance cardiaque d'environ un quart, et le risque de décès, toutes causes confondues, de 13%.

Ces "résultats montrent clairement que le traitement de la pression artérielle afin de l'abaisser à un niveau inférieur à celui actuellement recommandé pourrait réduire considérablement l'incidence des maladies cardiovasculaires et potentiellement sauver des millions de vies", estime le professeur Kazem Rahim (Université d'Oxford), responsable de l'étude publiée dans le Lancet.

"Nos résultats apportent un solide soutien à une réduction de la pression artérielle systolique à moins de 130 mmHg", notent les chercheurs qui plaident pour traiter tous les patients à haut risque d'avoir une crise cardiaque ou un AVC, et indépendamment de leur pression artérielle en début du traitement.

Ils appellent à une révision urgente des directives actuelles concernant la pression artérielle, y compris celles émises par la Société européenne de l'hypertension, qui a récemment assoupli les objectifs de pression artérielle à atteindre de 130/85 mmHg (correspondant au 13/8,5 en langage courant) en les relevant à 140/90 (14/9), et même à un peu plus pour les personnes âgées.

"Puisque l'abaissement énergique de la pression artérielle semble sûr et bénéfique pour les patients, il n'y a aucune raison de ne pas l'appliquer à ceux qui sont à haut risque" de complications cardiovasculaires, estime le professeur Stéphane Laurent (Université Paris Descartes) dans un commentaire accompagnant l'article. Il relève toutefois que l'étude n'évalue pas l'effet des cocktails thérapeutiques antihypertenseurs de plus en plus couramment prescrits.

Les patients souffrant d'hypertension ne doivent pas modifier leur traitement sans en parler au préalable avec leur médecin.

Source : Blood pressure lowering for prevention of cardiovascular disease and death: a systematic review and meta-analysis. D. Ettehad et al. The Lancet, 24 dec. 2015. doi:10.1016/S0140-6736(15)01225-8


[1] A noter que le protocole SPRINT a exclu du recrutement les patients diabétiques, ainsi que ceux présentant des antécédents de crise cardiaque ou de maladies rénales.

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