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Justin Bieber souffrirait de la maladie de Lyme

Transmise par une morsure de tique porteuse de la bactérie borrélia, la maladie de Lyme est encore aujourd’hui au cœur d’une vive polémique et divise les scientifiques tant sur le diagnostic que sur la prise en charge.
Article rédigé par La rédaction d'Allodocteurs.fr
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Justin Bieber souffrirait de la maladie de Lyme (Crédits Photo : Flickr Creative Commons / Lou Stejskal
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"On m'a récemment diagnostiqué la maladie de Lyme." Le chanteur canadien Justin Bieber a publié cette annonce le 8 janvier 2020 sur le réseau social Instagram. "Cela a été quelques années difficiles mais suivre le bon traitement pour soigner cette maladie incurable aidera, et je serai de retour meilleur que jamais", a assuré la star de 25 ans à ses 124 millions d’abonnés.

Une maladie transmise par les tiques

La maladie de Lyme, ou borréliose, est transmise par la morsure de tiques infectées par une bactérie : la borrélia. Si sa manifestation peut se limiter à une rougeur caractéristique autour de la morsure (ou érythème migrant), elle provoque dans certains cas des troubles invalidants et douloureux, notamment neurologiques, articulaires et musculaires.

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Diagnostic imprécis

Actuellement, le diagnostic de la maladie de Lyme est imprécis. En France, il consiste en une première analyse sanguine appelée ELISA puis, si ce test est positif, à une seconde analyse appelée Western Blot pour confirmer ou non la contamination.

Premier problème : ces tests ne détectent pas toutes les souches de bactérie Borrélia, ce qui aboutit d'un côté à une sous-estimation de la détection.
Mais à l’inverse, le test ELISA produit beaucoup de faux positifs : l’infection est détectée alors que le patient est sain. En outre, un test positif ne traduit qu’un contact avec la bactérie mais ce contact peut remonter à plusieurs années et il ne permet pas d’affirmer que l'infection est toujours active.

D’autres tests diagnostics existent, comme la microscopie à fond noir "sur prélèvement de sang total" ou les tests de transformation lymphocytaire (LTT) mais leurs performances sont médiocres et produisent le plus souvent des résultats erronés.

Syndrome persistant ou non ?

A cette problématique du diagnostic s’ajoute celle du manque de connaissances scientifiques sur cette infection et alimente une polémique qui divise les scientifiques.

D’un côté, la Haute Autorité de Santé (HAS) a regroupé en 2018 sous le terme très large de "symptomatologie/syndrome persistant(e) polymorphe après possible piqûre de tique" (SPPT) la "situation de patients qui ont pu être exposés aux tiques et qui présentent des signes cliniques polymorphes, persistants et non expliqués, pouvant être invalidants". Des termes "sans raison d’être" pour l’Académie de médecine, qui craint qu’une telle définition n’entraîne des "propositions de prise en charge lourde impliquant des investigations nombreuses, coûteuses et souvent inutiles". Un avis partagé par plusieurs sociétés savantes françaises, qui affirment qu’il n’existe pas de symptômes persistants attribuables à une borréliose de Lyme.

80% des malades de Lyme relèvent d’un autre diagnostic

Selon ces sociétés (la Société de pathologie infectieuse de langue française, le Collège national des généralistes enseignants et le Collège des universitaires de maladies infectieuses et tropicales notamment), les patients qui présenteraient des "symptômes persistants" divers attribués à Lyme relèvent dans 80% des cas d’un "autre diagnostic", le plus souvent lié à des troubles neurologiques, psychologiques ou articulaires.

De même, selon une étude publiée en mai dernier par l’hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière, seuls 10% des malades qui consultaient pour une maladie de Lyme en était réellement atteints.

Conséquence, les auteurs de cette étude jugent que les personnes consultant pour des symptômes évocateurs d’un Lyme devraient bénéficier d’une approche multidisciplinaire, incluant "une expertise psychologique, neurologique, rhumatologique, infectiologique et interniste". Car le risque derrière cette confusion est multiple : excès de diagnostic, administration inutile de traitements antibiotiques lourds mais aussi retards de diagnostic de la pathologie réellement à l’origine des symptômes du patient.

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