Pollution de l'air maritime : la France propose des mesures supplémentaires en Méditerranée
Si l'air de la mer est réputé bon pour la santé, vivre près des grands ports pourrait s'avérer dangereux. C'est ce que souligne une étude publiée vendredi 18 janvier 2019 : elle pointe du doigt les effets néfastes sur la santé de la pollution produite par les navires en Méditerranée.1 728 morts prématurées pourraient être évitées chaque année. L’étude plaide donc pour la mise en place d’une zone internationale de limitation de la pollution des navires (ECA). Le projet nécessite encore de rallier les pays riverains. Des zones similaires existent déjà en mer du Nord ou dans la Manche.
La pollution en Méditerranée
Selon un rapport publié en 2010 par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), la pollution de l'air est responsable de 500 000 décès prématurés en Europe chaque année. Cette pollution est particulièrement préoccupante dans plusieurs grands ports de Méditerranée. A Nice, Marseille, mais aussi dans les grands ports de Grèce ou encore d'Italie: avec la croissance du tourisme de croisière, le nombre de paquebots relâchant des panaches de fumée augmente chaque année. Fin 2018, La justice a condamné pour la première fois à Marseille le numéro un mondial du secteur, l'américain Carnival, pour pollution de l'air. En 2020, une nouvelle réglementation internationale entrera en vigueur. Elle devra largement réduire la pollution en Méditerranée : le taux maximal autorisé de soufre dans le carburant passera de 3,5% à 0,5%. Le 22 janvier 2019, Laurence Rouïl, experte à l'Institut national de l'environnement et des risques (Ineris), qui a co-réalisé l'étude, affirme sur France Inter que "si on équipe 100% de la flotte de systèmes qui limitent les émissions d'oxyde d'azote, on obtiendra une réduction des concentrations ambiantes, en moyenne annuelle, de près de 70 %. La majorité des villes portuaires seraient impactées par ces bénéfices". Mais le ministère de la Transition écologique français veut aller plus loin encore.
Vers une zone de limitation de la pollution ?
Le gouvernement va proposer une zone internationale de limitation de la pollution ECA. Il s’agirait de diviser encore par cinq (à 0,1%) le taux de soufre autorisé et de réduire les émissions d'oxyde d'azote. En France, c’est à Nice que profiterait le plus la mise en place de cette zone : la pollution au dioxyde d’azote baisserait de 8 µg/m3. D’autres villes, comme Marseille, Toulon, Bastia ou Ajaccio verraient leur taux de pollution au dioxyde d’azote baisser. Des vies seraient également sauvées en Algérie, en Egypte, en Italie, en Grèce et en Turquie.
L'étude est une première étape avant la présentation d'un dossier à l'Organisation maritime internationale (OMI). "L'objectif pour la France est maintenant de formuler, à l’horizon 2020, une proposition commune avec les pays méditerranéens", a souligné le ministère de la Transition écologique dans un communiqué. "Aujourd'hui, les ports et les armateurs doivent déjà se préparer", a déclaré le député LREM de Marseille Saïd Ahamada, rapporteur spécial sur le sujet. "La France est tête de pont mais les autres pays européens sont prêts à s'engager", assure-t-il, espérant une entrée en application concrète dès 2022.
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