Psychiatrie : un rapport dénonce une situation "indigne" au CHU de Saint-Etienne
Contentions injustifiées, attente jusqu'à sept jours sur des brancards… dans des "recommandations en urgence" adressées à la ministre de la Santé Agnès Buzyn – rendues publiques ce 1er mars – la responsable du contrôle des lieux de privations de liberté (CGLPL) alerte sur le "traitement inhumain ou dégradant" subi par certains patients pris en charge dans le pôle psychiatrie du Centre Hospitalier Universitaire de Saint-Etienne. .
En visitant cet établissement début janvier, les contrôleurs du CGLPL ont notamment constaté "la présence aux urgences générales" de vingt patients relevant de la psychiatrie, en attente de place.
Treize étaient parqués sur des brancards dans les couloirs. Sept d’entre eux, sans signe d'agitation ni de véhémence, étaient attachés au niveau des pieds et d'une ou deux mains. Deux étaient en soins libres, les autres en soins sans consentement. Ces sept personnes patientaient aux urgences depuis une durée allant de quinze heures à sept jours, sans pouvoir se laver, se changer, avoir accès à leur téléphone, ni bénéficier d'aucune confidentialité lors des entretiens et traitements.
Voir également : Psychiatrie : mieux encadrer et suivre l'isolement et la contention
Pratiques illégales et abusives
"[Depuis plus de cinq ans, les patients] arrivant aux urgences générales peinent à être hospitalisés en psychiatrie ou aux « urgences psychiatriques »", souligne le rapport du CGLPL, selon qui la situation s'est aggravée depuis octobre 2017. Un "dysfonctionnement majeur", qui "nécessite de mettre immédiatement un terme aux traitements indignes observés", insiste le rapport.
Plus globalement dans le pôle psychiatrie, les contrôleurs ont observé une pratique générale de mesures d'isolement (enfermement) et de contention "ne répondant pas aux exigences législatives et réglementaires". Ces pratiques "illégales et abusives doivent cesser immédiatement", s'insurge Adeline Hazan.
Les contrôleurs ont également noté un défaut d'explication de leurs droits aux patients hospitalisés en psychiatrie.
Une volonté de changement
Ces constats ont suscité "une prise en compte forte" de la communauté médicale et soignante. Et un courrier du directeur de l'hôpital au CGLPL, le 23 janvier, "témoigne d'une réelle volonté de changement", relève le rapport. Néanmoins, la gravité et le caractère structurel de ces manquements "ne permettent pas de laisser l'établissement seul face à ses difficultés".
Adeline Hazan recommande donc "de faire cesser immédiatement ces atteintes aux droits", notamment au sein de l'accueil aux urgences, d'instaurer une "réflexion institutionnelle" sur les pratiques de contention et d'isolement ou encore de mettre en oeuvre des moyens garantissant des hospitalisations adaptées.
la rédaction d’Allodocteurs.fr, avec AFP
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