Rougeole : les autorités craignent une nouvelle épidémie
"Après avoir diminué entre 2012 et 2016, le nombre de cas de rougeole augmente de manière importante depuis novembre 2017", alerte Santé Publique France dans un communiqué. L’agence sanitaire indique en effet que 913 cas ont été déclarés depuis le 6 novembre 2017. Cette situation fait craindre "une épidémie d'ampleur importante, comme celle que nous avons observée en France entre 2008 et 2012", a déclaré le directeur général de la Santé Jérôme Salomon lors d’un point presse au ministère de la Santé.
Une personne touchée peut contaminer 15 à 20 personnes
En effet, la couverture vaccinale de la rougeole est de seulement 79% chez les nourrissons, et elle reste très insuffisante chez les enfants et les jeunes adultes. Pour garantir une immunité de groupe, elle devrait être de 95%. "C'est uniquement quand on atteint ce niveau de couverture vaccinale dans un groupe que le virus ne circule plus", a expliqué M. Salomon. Et c'est en respectant cette couverture que le continent américain tout entier a officiellement éradiqué la maladie en 2016.
Dans ce contexte, Santé Publique France rappelle qu’une personne touchée peut contaminer, à son tour, 15 à 20 personnes, au premier rang desquelles les bébés de moins d’un an, les femmes enceintes et les personnes immunodéprimées. "Il est impératif que toutes les personnes nées à partir de 1980 aient reçu deux doses de vaccin", indique l’agence sanitaire.
A lire aussi : "Rougeole : êtes-vous protégé ?"
La région Nouvelle-Aquitaine est actuellement le principal foyer de rougeole, avec 50% des cas déclarés. Début février, une femme de 32 ans, hospitalisée au CHU de Poitiers, est décédée des suites de la maladie. En tout, 59 départements français sont concernés.
"Il reste un énorme réservoir de sujets non-immunisés"
"C'est le reflet de l'histoire de la vaccination en France : il y a des gens de 20 à 40 ans qui ont grandi sans être vaccinés et se retrouvent aujourd'hui non immunisés", confiait en février à l'AFP le Dr Daniel Lévy-Brühl, responsable de l'unité chargée de la vaccination à Santé publique France. D’après lui, "il reste un énorme réservoir de sujets non-immunisés, qui peuvent être demain les prochains cas de rougeole, voire de décès".
A la fin des années 2000, la France avait déjà connu une épidémie de rougeole de grande ampleur. On avait dénombré 20 décès liés à cette maladie, dont 95% de nourrissons et de personnes immunodéprimées. Des décès qui auraient normalement dus être évités grâce à l’immunité de groupe. Aujourd’hui, la rougeole fait partie des 11 vaccins obligatoires pour les enfants nés à partir du 1er janvier 2018.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.