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Cancer : vaincre les insomnies sans médicament après une chimiothérapie, c'est possible

Près de 60% des personnes traitées par chimiothérapie éprouvent des troubles du sommeil dans les suites du traitement. L'acupuncture et la méditation font partie des méthodes qui permettent de vaincre les nuits blanches.

Article rédigé par Jean-Daniel Flaysakier
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Confinement et insomnie...(Illustration) (IGOR STEVANOVIC / SCIENCE PHOTO  / IST)

C’est la plus grande conférence consacrée au cancer et à ses traitements. La session annuelle de l’Asco, l’Association américaine d’oncologie clinique, va réunir près de 40 000 participants du 1er au 5 juin 2018 à Chicago (Illinois, Etats-Unis). Et à côté de la présentation des résultats d’essais de nouveaux traitements, une attention particulière sera portée à la qualité de vie des patients, pendant et après le traitement.

L’un des exemples de ces préoccupations, c’est l’insomnie : près de 60% des personnes traitées par chimiothérapie éprouvent, dans les suites du traitement, des troubles du sommeil. Et plutôt que de recourir à des somnifères ou à des anxiolytiques, des études montrent qu’on peut traiter ces troubles de façon "douce". C’est dans un des plus grands centres de lutte contre le cancer, le Memorial Sloan Kettering Cancer Center de New York, que le Dr Jun Mao et son équipe ont voulu mesurer l’intérêt de l’acupuncture et des thérapies cognitives comportementales sur la prise en charge de l’insomnie des personnes traitées pour cancer. Il présentera d'ailleurs les résultats de cette étude le 10 juin, à l'Asco.

De fil en aiguille, l’acupuncture se fait une place

Pour l’acupuncture, il s’est agi de choisir des points utilisés dans la prise en charge de la douleur et de la dépression ainsi que dans les troubles du sommeil. Pour les TCC (thérapies cognitives et comportementales), l’approche est différente : ces thérapies, généralement brèves, aident à faire le ménage dans les croyances et les idées fausses qui parasitent le quotidien des personnes qui ont un trouble à gérer. Ces thérapies reposent sur une sorte de contrat entre le patient et le thérapeute.

Les médecins ont donc demandé aux personnes prises en charge de :
– réduire le temps passé au lit ;
– réserver le lit pour le sommeil et l’activité sexuelle ;
– éviter les causes de mauvaise hygiène du sommeil. Notamment l’éclairage venu des téléphones et des tablettes, les repas tardifs, l’activité physique intense ;
– corriger les croyances erronées au sujet du sommeil.

Chaque groupe était constitué de 80 personnes, traitées huit semaines et suivies pendant douze semaines, soit vingt semaines au total.

La méditation pour réduire l'anxiété et le stress

Dans les insomnies légères, les TCC se sont avérées nettement plus efficaces que l’acupuncture. Dans les formes modérées et sévères, les deux méthodes ont donné des résultats comparables, de très bonne qualité. Cette prise en charge de la qualité de vie des patients devient de plus en plus présente dans les centres et hôpitaux qui ont à traiter des patients atteints de cancer. En France, par exemple, la Dr Carmen Popovici, médecin anesthésiste au centre Antoine-Lacassagne de Nice, utilise l’acupuncture pour traiter les troubles du sommeil.

A l’institut Gustave-Roussy, à Villejuif (Val-de-Marne), on a recours à une autre forme de thérapie cognitive : la méditation "en pleine conscience". Cette méthode très en vogue vise à réduire le stress, l’anxiété et les phénomènes dépressifs, grâce, en particulier, à une analyse des sensations : comment elles arrivent, combien de temps elles durent, comment elles disparaissent.

Un programme spécifique destiné à traiter les troubles du sommeil vient d’y être lancé. Seul problème lié à ces thérapies : si le thérapeute n’est pas médecin, les séances ne sont pas prises en charge par l’assurance-maladie, même si ces méthodes permettent d’éviter des prescriptions médicamenteuses chez des personnes déjà lourdement traitées. Et ces médicaments hypnotiques peuvent être à l’origine de dépendances.

On peut espérer que, dans le cadre du plan Cancer, ces méthodes qui améliorent fortement la qualité de vie des patients et les aident dans leur réinsertion bénéficient d’une prise en charge à hauteur des bénéfices apportés.

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