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Variole du singe : "C'est un virus globalement bénin chez l'homme", rassure un virologue  

Un cas de variole du singe a été confirmé en France en région parisienne. Mais pour Yannick Simonin, "on ne rentrera pas dans le schéma de vaccination massive", comme pour le Covid-19.

Article rédigé par franceinfo
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Illustration laboratoire. (ALEX HALADA / AFP)

"On n'est pas du tout dans le même contexte que la pandémie SARS-CoV-2" a rassuré vendredi 20 mai sur franceinfo Yannick Simonin, virologue spécialiste des virus émergents, alors qu'un cas de variole du singe a été détecté en France, en région parisienne. Il s'agit d'un homme de 29 ans, qui a été isolé à son domicile. "C'est un virus globalement bénin chez l'homme", souligne-t-il. "On ne rentrera pas dans le schéma de vaccination massive" comme pour le Covid-19, assure-t-il.

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franceinfo : Comment cette personne a-t-elle été contaminée ?

Yannick Simonin : Il va falloir surveiller avec qui cette personne était en contact. Est-il en contact avec une personne qui revenait d'une zone endémique, d'une zone de circulation de ce virus, principalement en Afrique de l'Ouest ? Il va y avoir une campagne de recherche qui va être menée pour voir tous les cas contacts, puis essayer d'identifier le patient zéro, le patient à l'origine de cette infection. Cette personne positive ne revient pas de voyage, donc elle a été contaminée, probablement sur le territoire français. Il va falloir faire des recherches minutieuses.

A-t-on déjà détecté cette maladie hors d'Afrique ?

Ce n'est pas fréquent, mais c'est déjà arrivé. La première épidémie hors Afrique, hors zone de circulation active de ce virus, a été identifiée en 2003 aux États-Unis. Il y a eu à peu près 80 cas qui ont été identifiés. C'était des gens qui ont été exposés à des animaux, puisque cette maladie zoonotique peut se transmettre de l'animal à l'homme à des animaux domestiques. Puis, on a eu régulièrement quelques cas, notamment en 2018, au Royaume-Uni. Il y a trois cas qui avaient été identifiés, dont une personne qui ne revenait pas de voyage. Elle a probablement été contaminée sur place. Mais c'est assez rare les épidémies hors Afrique liées à ce virus.

Après deux ans de pandémie, faut-il s'inquiéter ?

On n'est pas du tout dans le même contexte que la pandémie SARS-CoV-2. Ce n'est pas un nouveau virus alors que le SARS-CoV-2, on ne le connaissait pas du tout même si on connaissait des virus proches.

"C'est un virus que l’on connaît depuis plus de 60 ans. On sait qu'il se transmet peu de l'homme à homme. Il faut qu'il y ait un contact rapproché, prolongé."

Yannick Simonin, virologue

à franceinfo

On a des éléments aussi plus rassurants, liés au fait que c'est un virus qui est globalement bénin chez l'homme. D'autant plus que l'on sait que le variant qui circule actuellement en Europe, mais également en Amérique du Nord, c'est le variant Afrique de l'Ouest, qui est le variant le moins virulent des deux variants connus de cette variole du singe. Néanmoins, cela implique quand même une vigilance liée au fait que les transmissions interhumaines semblent plus importantes que ce qu'on avait observé jusqu'à présent avec les épidémies passées.

Le vaccin contre la variole humaine peut-il être efficace ?

Le vaccin classique contre la variole humaine a prouvé son efficacité contre la variole du singe. On estime que son efficacité est d'environ 85%, qui est une très bonne efficacité. Si jamais l'épidémie s'étend en Europe et ailleurs, probablement, on ne rentrera pas dans le schéma de vaccination massive comme on a pu la voir avec le Covid-19, mais on peut imaginer une vaccination des cas contacts, c'est-à-dire une vaccination de l'entourage d'un cas positif. C'est une maladie bénigne qui se transmet assez peu. Donc, la vaccination interviendra éventuellement si on remarque un changement de ce virus et si on a des signaux d'alerte qui apparaissent dans les semaines ou les mois à venir.

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