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Variole du singe : l'épidémie se rapproche d'une infection sexuellement transmissible, selon l'infectiologue Benjamin Davido

Face à la montée des cas, la France a annoncé début juillet l'élargissement de la vaccination dans des centres de vaccination référencés en ligne.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un homme se fait vacciner contre la variole du singe, le 14 juillet 2022 à Munich (Allemagne). (SVEN HOPPE / DPA / MAXPPP)

Alors que Santé publique France recense environ un millier de cas de variole du singe en France, principalement en Île-de-France, "l'épidémie que l'on observe" se rapproche "d'une infection sexuellement transmissible", témoigne sur franceinfo le Dr Benjamin Davido, infectiologue à l'hôpital de Garches dans les Hauts-de-Seine.

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franceinfo : Est-ce une maladie à prendre au sérieux ?

Dr Benjamin Davido : Oui, absolument. En réalité, on a tellement voulu au début ne pas stigmatiser la population à risque [les hommes ayant des relations homosexuelles] que l'on est restés sur des descriptions historiques de la variole du singe dans sa version originelle, c'est-à-dire l'épidémie qui sévissait en Afrique. En réalité, celle que l'on observe aujourd'hui est typiquement la présentation d'une infection sexuellement transmissible avec parfois des lésions qui sont très difficiles à discerner, qui peuvent être très petites et passer pour une maladie complètement commune. Et malheureusement, le fait de passer à côté du diagnostic fait qu'on ne va pas consulter et que l'on va contaminer.

Est-ce considéré comme une maladie sexuellement transmissible ?

C'est la question qui fâche. Officiellement, les anglo-saxons parlent d'infection sexuellement transmissible, mais pas de maladie sexuellement transmissible. En réalité il y a des éléments dans certaines publications sur des séries de petits cas qui montrent que le sperme des patients malades était également contaminant. Il est fort à parier que cette définition va être amenée à changer.

"Jusqu'alors on ne parlait pas de ça parce qu'on était basé sur la maladie que l'on connaît, qui n'a pas ou très peu de transmission sur des rapports très proches. Mais on voit bien que c'est une maladie qui, affectant les parties génitales, est en partie sexuelle."

Dr Benjamin Davido, infectiologue

à franceinfo

A-t-on constaté des évolutions plus graves de la maladie ?

On sait qu'il peut y avoir des formes sévères. Le risque, c'est de contaminer des personnes immunodéprimées par exemple, et il y a aussi des patients hospitalisés. Ça reste évidemment à la marge mais nous avons nous-mêmes eu un patient qui a fait une forme sévère ORL. Et puis l'une des complications peut-être la surinfection.

Où en est-on du vaccin qui existe aujourd'hui ?

Il faut être très modeste. Ce qu'on peut espérer, c'est une efficacité d'au moins 60% et on espère que cette vaccination va ralentir, si ce n'est éteindre, l'épidémie. On a tardé par rapport au fait que l'on avait un souci logistique, en termes d'organisation comme de doses accessibles. Cette décision [l'ouverture de la vaccination préventive] a en tout cas été la bonne, très clairement, parce que l'objectif, c'est un vaccin préventif, ça n'est pas d'attendre que l'on soit dans le dépistage des cas contacts pour aller vacciner ceux qui le souhaitent. Le problème c'est qu'aujourd'hui on a basé cette vaccination sur des coups de téléphone. ça bouchonne au standard, très clairement. On reçoit environ 80 appels en une matinée et on honore une vingtaine de rendez-vous.

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