Vers un remède contre l’endométriose rectale ?
"Chez les patientes traitées, on a constaté une amélioration pour les symptômes gynécologiques et digestifs. Six mois après l’intervention, elles ont retrouvé une vie relationnelle normale." Le Pr Gil Dubernard, chef du service gynécologie-obstétrique à l’hôpital de la Croix-Rousse de Lyon, est résolument optimiste. Et pour cause : en utilisant un appareil de traitement du cancer de la prostate pour cibler les lésions endométriosiques rectales, il a pu traiter plusieurs femmes, et leur éviter ainsi une ablation du rectum.
Les femmes traitées ont retrouvé une vie normale
L’endométriose rectale se caractérise par la présence de nodules non cancéreux entre l'utérus et le rectum. Les malades ressentent, notamment, des douleurs parfois invivables et de faux besoins d'aller à la selle pendant leurs règles ainsi que des crampes au niveau du rectum. En dernier recours, on envisage une amputation totale ou partielle de cet organe. Une opération extrêmement lourde, plus contraignante que pour l’intestin, par exemple. "Dans le rectum, il y a des nerfs sensitifs. Sans cet organe, on ne sait plus si on a des gaz ou si on doit aller à la selle", explique le Pr Dubernard.
Traiter les lésions endométriosiques par ultrasons pourrait donc permettre aux malades de retrouver une vie normale. "Cela prend environ une heure au bloc, et le traitement dure cinq minutes", souligne le Pr Dubernard. Une sonde est introduite dans le rectum des patientes afin de diffuser des ultrasons à travers la paroi. Les nodules sont ainsi dévitalisés. "Les cellules endométriales ne peuvent plus se développer car on a tué tous les vaisseaux qui arrivent dans le nodule", précise le chirurgien gynécologue.
"On avance sans bruit, mais on va assez vite"
Néanmoins, le procédé n’est encore qu’au stade de l’étude. "Nous avons terminé la phase 1, qui a duré de septembre 2015 à juin 2017. C’était une étude de faisabilité. L’objectif principal, c’était de voir les lésions liées à l’endométriose rectale. Il a été atteint pour les 23 patientes", indique le Pr Dubernard. Parmi ces 23 femmes, neuf ont pu être traitées. "Pour trois d’entre elles, on a traité l’ensemble du nodule", ajoute le chirurgien gynécologue. La deuxième phase, dont l’objectif était d’optimiser le traitement, a duré du 4 mai 2018 au 1er octobre 2018. Sur 12 patientes, 11 ont été traitées complètement. "Pour la patiente restante, 90% du nodule a été traité", affirme le Pr Dubernard.
L’équipe du Pr Dubernard est la seule au monde à utiliser cette technique. Pour le moment, celui-ci espère pouvoir lancer une nouvelle étude avec une trentaine de participantes en 2019, dans le but d’obtenir un marquage CE pour sa sonde. "On avance sans bruit, mais on va assez vite", confie le chirurgien gynécologue.
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