Appel à la grève dans les pharmacies : la pénurie de médicament "devient insupportable", alerte un syndicat de pharmaciens

Les syndicats de pharmaciens appellent à la grève des gardes le week-end de la Pentecôte et à la fermeture des officines le 30 mai.
Article rédigé par franceinfo
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Illustration Pharmacie. (REMY PERRIN / MAXPPP)

La pénurie de médicaments en pharmacie "devient insupportable", alerte samedi 20 avril sur franceinfo Pierre-Olivier Variot, pharmacien en Côte-d'Or et président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (Uspo), alors que les syndicats de pharmaciens appellent à la grève des gardes le week-end de la Pentecôte et à la fermeture des officines le 30 mai

"La pénurie de médicaments représente douze heures de recherches de médicaments par semaine pour une pharmacie moyenne", dénonce Pierre-Olivier Variot. "Ce sont douze heures pendant lesquelles on ne peut pas prendre en charge des patients, pendant lesquelles on va se heurter à des patients fatigués, irrités de ne pas avoir leur traitement, douze heures  pendant lesquelles on va déranger des médecins pour savoir par quel traitement il faut remplacer [le traitement manquant]", raconte le président de l'Uspo.

Les pénuries "sont de plus en plus importantes"

Il l'assure, les professionnels du secteur alertent "depuis plusieurs mois voire plusieurs années" sur les pénuries de médicaments dans les officines "pour les patients qui sont les plus fragiles et qui n'ont pas accès à tous leurs traitements". Le président de l'Uspo affirme que ces pénuries "sont de plus en plus importantes" et que la situation "ne s'améliore pas". Pierre-Olivier Variot reconnaît au passage "l'énorme travail de l'ANSM [Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé] qui est fait" mais face à l'ampleur de la pénurie - "près de 4 400 médicaments manquants" - il estime que la tâche est "énorme" pour l'Agence.

Autre raison qui pousse les professionnels du secteur à appeler à la grève : la revalorisation financière. "On a 80% de notre activité qui est liée à des prix de médicaments qui sont fixés par l'Etat et à des honoraires qui sont fixés par l'État". Une situation qui ne fonctionne plus face à une inflation qualifiée de "galopante au niveau de la masse salariale". Pierre-Olivier Variot affirme en effet que la masse salariale a augmenté de "18% entre 2021 et 2022, essentiellement dû au Covid", qui a poussé les pharmaciens à embaucher. "Quand on a une baisse de marges en même temps, l'effet ciseaux est important", explique-t-il. Selon lui, c'est cette situation qui a obligé "36 pharmacies à fermer en janvier". Pour le président de l'Uspo, il faut donc "revoir ces honoraires pour qu'ils suivent l'inflation et qu'ils soient revalorisés"

Enfin, le pharmacien alerte également sur la volonté du gouvernement à vouloir faciliter la vente de médicaments sur internet : "Si on met des plateformes, il n'y aura plus de sécurisation du circuit du médicament comme on l'a dans les officines."

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