Cet article date de plus de sept ans.

Crise du Levothyrox : "On fait du bricolage !"

Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Article rédigé par La rédaction d'Allodocteurs.fr
France Télévisions
Depuis ce lundi, l'ancienne formule du Levothyrox est à nouveau disponible dans les officines. Une décision loin de faire l'unanimité chez les pharmaciens. Les explications du Dr Yorick Berger, secrétaire général de la chambre syndicale des pharmaciens de Paris.

Avec cette mesure, la ministre de la Santé espère calmer la colère des patients130.000 boîtes d'Euthyrox, la spécialité équivalente à l'ancienne formule du Levothyrox, ont été distribuées aux pharmacies. Une solution provisoire en attendant l'arrivée mi-octobre d'un autre médicament pour la thyroïde. Mais la décision ne convainc pas les pharmaciens. Le Dr Yorick Berger, secrétaire général de la chambre syndicale des pharmaciens de Paris a répondu aux questions du Magazine de la Santé.

  • Selon vous, quels problèmes posent le retour à l'ancienne formule du Levothyrox ?

Dr Y. Berger : "On va avoir une formule qui va de nouveau changer. Sur ce type de médicament, il ne faut jamais changer de produit. On parle de microgramme, c'est 1.000 fois moins que des milligrammes. Dès l'instant où l'on change le produit, ça engendre des désagréments, des différences d'efficacité… La recommandation, c'est de ne pas changer de formule. Si les patients ont des symptômes très importants, ils doivent en discuter avec leur médecin. On les renvoie vers une analyse pour équilibrer le dosage."

  • Les stocks de médicaments seront-ils suffisants pour faire face à la demande ?

Dr Y. Berger : "Ce matin, l'Eurothyrox n’était toujours pas disponible dans mon officine. Il le sera probablement dès demain. Tous les patients ont un peu peur et ils veulent tous l'ancienne formule. Il y a un manque d'information, une désinformation pas forcément due aux médias d'ailleurs. Cela sème le doute et on a l'impression que la nouvelle formule n'est pas bonne. Ce n'est pas le cas."

  • Dans quinze jours, un nouveau médicament pour la thyroïde sera disponible. Y a-t-il à nouveau un risque de déséquilibre du traitement ?

Dr Y. Berger : "On est à quinze jours, trois semaines de l'arrivée de ce médicament. Il faut arrêter de changer de formule. Il vaut mieux attendre trois semaines et repartir sur une base saine qui ne sera pas modifiée. À chaque fois, il faut repartir faire des examens."

  • Depuis le début de l'affaire du Levothryrox, on a l'impression qu'il y a eu un problème d'information et de communication autour de ce médicament. Les pharmaciens ont-ils bien joué leur rôle de conseil auprès des patients ?

Dr Y. Berger : "Malheureusement, l'information a été pitoyable. Ce n'est pas dû aux medias mais aux autorités de tutelle. Toutes les informations sont sorties d'abord dans la presse, plutôt qu'auprès des professionnels de santé. On est arrivé avec l'information en même temps que les patients. Ça a été compliqué à gérer."

  • Les autorités affirment pourtant avoir envoyé des éléments d'information aux professionnels de santé…

Dr Y. Berger : "Quand il y a eu le changement de formule, tout le monde a bien été informé. Tout s’est bien passé. Mais, à un moment, il y a eu une panique alors qu’il n’y aurait pas dû y en avoir. Je pense qu’un stagiaire aurait fait mieux. Il faut respecter la continuité. Je suis un professionnel de santé de terrain, je suis là pour discuter avec les patients. On reçoit des fax sur la nouvelle formule pour nous dire qu’il faudra une ordonnance à telle date. Puis, on reçoit un autre fax 8 heures après pour changer cette date. On est complètement perdu alors que si on s’était tous assis autour d’une table, on aurait pu avoir une continuité. Il n’y avait pas d’urgence. Aujourd’hui, sincèrement, on fait du bricolage. En France, on a un des circuits du médicament les mieux sécurisés au monde et là on rapatrie des médicaments qui viennent d’Allemagne avec des stocks qui vont arriver à échéance. Ça ne sert à rien !"

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.