Pénurie de médicaments : des tests sanguins pour s'assurer du bon usage des antibiotiques
Comment lutter contre la surprescription et la surconsommation d'antibiotiques ? Selon sa nouvelle feuille de route, le gouvernement souhaite notamment "promouvoir la bonne utilisation du médicament, dont les antibiotiques, afin de garantir une utilisation maîtrisée et pertinente." En 2023, près de 5 000 signalements et risques de ruptures de stocks ont été recensés par l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Cette feuille de route, présentée par l'exécutif mercredi 21 février et couvrant la période 2024-2027, propose des mesures pour anticiper les pénuries de médicaments. Parmi elles, des tests sanguins comme moyen de veiller au bon usage des antibiotiques.
"On consomme beaucoup d'antibiotiques en France, trop d'antibiotiques", a admis jeudi sur franceinfo Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). "Ça pourrait être réduit par de nouveaux process qui demanderaient aux médecins ou aux pharmaciens de vérifier si l'antibiotique est vraiment utile", a assuré le pharmacien. "Ce qu'on va faire, c'est permettre aux médecins de faire des tests avec une petite goutte de sang, afin d'objectiver si la maladie est bien bactérienne et auquel cas on prescrit l'antibiotique", précise-t-il. Un "test" qui "pourra, dans un deuxième temps, se faire en pharmacie", selon lui.
Les Trod, tests rapides d'orientation du diagnostic
La feuille de route du gouvernement précise qu'une des mesures est en effet "d'expérimenter de nouveaux dispositifs". Parmi ceux-ci : "l'utilisation de Trod CRP", un acronyme qui signifie "Tests rapides d'orientation du diagnostic CRP". Ces tests sanguins s'apparentent à l'autopiqueur que les diabétiques utilisent pour surveiller leur taux de glucose. Ils pourraient être utilisés par "les médecins généralistes en cas d’infections respiratoires aiguës, hautes ou basses, comme aide à la prescription d’antibiotiques."
"L'idée, explique Xavier Grang, vice-président de MG France, syndicat de médecins généralistes, c'est de prélever une goutte de sang sur le doigt du patient et de la déposer sur une bandelette qu'on insère dans un petit automate afin qu'il l'analyse. Schématiquement, ajoute-t-il, si le résultat est haut c'est bactérien et cela nécessite un antibiotique. Si c'est bas, c'est viral et ça ne demande pas d'antibiotique."
"La profession est prête à ça"
Les tests sanguins pour vérifier l'origine bactérienne ou virale d'une infection respiratoire se pratiquent déjà ailleurs en Europe, "en Allemagne et dans les pays scandinaves", précise Xavier Grang de MG France. "En France, c'est à venir", renchérit la présidente du syndicat de médecins, Agnès Giannotti. "Ces tests seront utiles quand nous aurons un doute, nuance-t-elle, parfois il n'y a aucun doute quant à l'origine virale ou bactérienne." Mais "on est partant, la profession est prête à ça", assure Agnès Giannotti pour qui c'est une bonne chose pour lutter contre la pénurie d'antibiotiques.
Cependant, selon la praticienne, des questions restent en suspens : "Encore faut-il des automates pour réaliser ces tests : qui les trouvent, qui les achètent ?", questionne-t-elle. Médecins et pharmaciens peuvent déjà avoir recours à un "Trod de l'angine" par voie salivaire, et un "Trod de la cystite" par échantillon d'urine, qui permettent de détecter la nature de ces infections et de prescrire le traitement adéquat.
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