Quatre questions sur le Wegovy, un médicament anti-obésité, désormais commercialisé en France

Ce médicament nouvelle génération ne sera pas remboursé. L'Agence nationale de sécurité du médicament a expliqué qu'il serait prescrit uniquement en deuxième intention, en cas d'échec de la prise en charge nutritionnelle.
Article rédigé par franceinfo
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Une personne s'injectant le médicament Wegovy, le 8 novembre 2023, à Oslo (Norvège). (LISE ASERUD / AFP)

Une arrivée sur le marché français très attendue des médecins et des patients. Le laboratoire pharmaceutique danois Novo Nordisk a annoncé mardi 8 octobre la commercialisation en France du Wegovy, médicament vedette contre l'obésité, maladie qui touche environ 14% des Français, selon Santé publique France. Toutefois, à ce stade, ce médicament nouvelle génération n'est pas remboursé par l'Assurance-maladie et sera distribué dans un cadre restreint par l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).

Alors que l'obésité concerne environ 890 millions de personnes dans le monde, d'après l'OMS, cette commercialisation intervient dans un contexte d'explosion de la demande pour cette génération de traitements efficaces pour perdre du poids, comme l'Ozempic, également commercialisé par Novo Nordisk, ou le Mounjaro, fabriqué par le laboratoire américain Eli Lilly. Franceinfo fait le point sur ce nouveau médicament en quatre questions.

1 Comment fonctionne-t-il ?

Le Wegovy fait partie des traitements appelés les analogues du GLP-1 (parfois qualifiés d'aGLP-1). Cette classe de médicaments mime une hormone intestinale, le glucagon-like peptide 1 (GLP-1), qui stimule la sécrétion d'insuline et procure une sensation de satiété. La substance active de Wegovy, la sémaglutide, est la même que celle utilisée dans l'antidiabétique Ozempic, qui est aussi fabriqué par le laboratoire Novo Nordisk. Mais dans le cas de l'obésité, elle est utilisée à des dosages plus élevés.

Initialement, cette hormone était connue "comme une molécule importante pour maîtriser le glucose dans le sang", explique l'endocrinologue Boris Hansel sur France Inter. Les scientifiques ont donc développé cette molécule comme un médicament antidiabétique, en y mettant davantage cette hormone, de manière à ce qu'elle "dure un peu plus longtemps dans le temps que celle qu'on fabrique naturellement", poursuit le médecin. La molécule est commercialisée sous forme de stylo injectable, à raison d'une injection par semaine.

2 A qui est-il destiné ?

L'Agence nationale de sécurité du médicament précise dans un communiqué "restreindre les conditions de prescription et délivrance de l'ensemble des aGLP-1 indiqués dans le traitement de l'obésité", en exigeant que les prescriptions d'initiation au traitement soient fournies par des spécialistes en endocrinologie-diabétologie-nutrition. En revanche, les renouvellements peuvent être réalisés par des généralistes.

L'ANSM demande également aux médecins de se conformer au parcours de soin préconisé par la Haute Autorité de santé (HAS), c'est-à-dire de "prescrire les aGLP-1 indiqués dans le traitement de l'obésité aux patients ayant un indice de masse corporel (IMC) initial supérieur ou égal à 35 kg/m2, âgés de moins de 65 ans". Ce médicament doit être utilisé uniquement en deuxième intention, en cas d'échec de la prise en charge nutritionnelle et en association à un régime hypocalorique et à une activité physique, rappelle l'ANSM.

3 Est-il efficace ?

Les résultats suscitent l'enthousiasme puisque la perte de poids est de l'ordre des 12,4% au bout de 68 semaines de traitement, selon l'ANSM (PDF). En outre, la prise de ce médicament entraînerait une diminution de 20% des événements cardiovasculaires majeurs chez les patients non diabétiques, selon les résultats préliminaires communiqués par le laboratoire Novo Nordisk. Un espoir partagé du côté des médecins, qui y voient un moyen efficace de traiter l'obésité.

Avant l'arrivée des analogues du GLP-1, il n'existait "pas de médicaments de cette efficacité-là" pour aider les patients obèses à perdre du poids, explique le nutritionniste Pierre Azam sur BFMTV"Avant les années 2010, quasiment tous les traitements développés ont échoué, principalement à cause de leurs effets secondaires graves", souligne la chercheuse Karine Clément dans Le Monde. Les effets indésirables du Wegovy les plus fréquemment signalés sont des troubles gastro-intestinaux, comme les nausées, la diarrhée, la constipation et les vomissements. De manière moins fréquente, le médicament peut également engendrer des vertiges, des maux de tête ou encore une perte de cheveux.

L'efficacité de ces médicaments est vantée par des célébrités, comme Elon Musk et Oprah Winfrey, offrant une publicité inattendue auprès du grand public, qui y voit un moyen rapide et peu contraignant de perdre du poids. Au point que l'ANSM avait dû alerter en juin 2023 sur les risques liés à une mauvaise utilisation, avec l'apparition d'effets indésirables graves, comme "la pancréatite, l’occlusion intestinale [ou] la gastroparésie". Et de rappeler un an plus tard que "les aGLP-1 ne doivent pas être utilisés pour la perte de poids à des fins esthétiques, c'est-à-dire pour la perte de poids chez des personnes sans obésité ou chez des personnes en surpoids qui n'ont pas de problèmes de santé liés au poids."

4 Combien coûte-t-il ?

A ce jour, le Wegovy n'est pas remboursé par la Sécurité sociale. Ce qui veut dire que son prix est fixé librement, comme dans la plupart de la quinzaine de pays où il est déjà commercialisé. La filiale française de Novo Nordisk a estimé le prix de son nouveau traitement anti-obésité à "entre 9 et 12 euros par jour".

Dans les officines, les pharmaciens vont acheter le Wegovy "entre 208 et 220 euros pour une boîte de quatre injections, ce qui correspond à un traitement pour un mois", affirme Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), dans Le Parisien. Soit une revente estimée "entre 270 et 330 euros la boîte, TVA de 10 % comprise", calcule-t-il.

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