Rapport sur l'information liée aux médicaments : "Améliorer la réactivité pour les patients et les professionnels"
Gérald Kierzek, co-président de la mission d'information "sur l'amélioration de l'information des usagers et des professionnels de santé sur le médicament", explique, lundi soir, que le rapport remis à la ministre de la Santé Agnès Buzyn a pour but "d'actualiser et moderniser les moyens d'information et de communication".
L'objectif du rapport sur l'information liée aux médicaments, remis à la ministre de la Santé Agnès Buzyn lundi 3 septembre, est "de faire des propositions pour améliorer la réactivité dans les deux sens, pour les patients et pour les professionnels", a expliqué sur franceinfo lundi le docteur Gérald Kierzek, co-président de cette mission d'information "sur l'amélioration de l'information des usagers et des professionnels de santé sur le médicament". "Cela concerne les informations qui descendent des professionnels de santé mais aussi les informations du terrain, pour qu'elles puissent remonter plus vite et être traitées de manière plus efficace", a précisé le médecin urgentiste à l'hôpital de l'Hôtel-Dieu à Paris.
franceinfo : Dans le rapport, vous préconisez une meilleure information des patients. Comment cela peut-il se faire en pratique ?
Gérald Kierzek : L'idée n'était pas de faire une usine à gaz. Quand Agnès Buzyn nous a confié cette mission, l'idée était de pouvoir actualiser et moderniser les moyens d'information et de communication, aussi bien à destination des patients qu'à destination des professionnels de santé. Il fallait moderniser le logiciel de l'Agence nationale de sécurité du médicament, qui date de 10 à 20 ans.
Aujourd'hui, les réseaux sociaux comme Twitter et les nouveaux modes de communication font que cette information doit aller plus vite parce que les patients l'exigent plus vite.
Gérald Kierzekà franceinfo
On l'a vu avec le Levothyrox. Ce n'est pas l'affaire la plus grave, c'est la plus récente et c'est ce qui a poussé à cette mission sur l'information et l'amélioration de la communication. L'idée était de faire des propositions pour améliorer la réactivité dans les deux sens, pour les patients et pour les professionnels. Cela concerne les informations qui descendent des professionnels de santé, mais aussi les informations du terrain pour qu'elles puissent remonter plus vite et être traitées de manière plus efficace.
Le rapport estime aussi qu'il y a une "minimisation du ressenti des patients" quand il y a une crise. Cela veut-il dire qu'on ne prend pas au sérieux ce que font remonter les malades ?
On n'est pas capables de les repérer, les compiler et les traiter. On est très bons en sécurité sanitaire, avant la mise sur le marché ou pour repérer des affaires très graves. Par exemple, si demain on a une boîte qui est contaminée, elle peut être retirée quasi-instantanément de toutes les pharmacies de France. Les autorités de santé sont capables de le faire avec un dispositif de professionnels. Là où on est un peu moins bons, c'est sur les remontées de symptômes qui n'avaient pas été anticipés et prévus. Les médecins généralistes et certains patients le constataient, des pétitions ont fleuri sur internet, etc. Tout ce qu'on appelle les signaux faibles, on n'a pas été capables de les faire remonter et de les compiler. Là, grâce aux réseaux sociaux et aux nouvelles technologiques, on va être capables. La ministre, à partir de notre rapport, fait des annonces à très court terme. Ce n'est pas créer une agence sanitaire, mais c'est vraiment avoir la capacité de remonter ces informations. C'est ce qu'il va être capital de faire dans les prochains mois.
Quel rôle doit jouer le pharmacien dans ce cadre-là ?
Un rôle capital. Dans le rapport, il y a bien sûr les usagers, mais il y a aussi les professionnels et, parmi eux, les pharmaciens. Ils disposent d'un outil formidable : le dossier pharmaceutique. Cela permet d'avoir un outil pour tracer tous les médicaments que vous avez, de repérer les interactions, éventuellement de faire remonter des symptômes et de les déclarer de façon à ce que ça remonte de manière quasi-automatique aux autorités de santé. Autre proposition pour les pharmaciens : élargir le bilan de médication. Il est réservé pour l'instant à des gens de plus de 65 ans qui ont des maladies chroniques. Il faut qu'on puisse l'élargir, quel que soit l'âge, à des patients qui auraient des traitements chroniques. Autre chose encore, pour les pharmaciens : on propose dans la mission que les panneaux électroniques qui diffusent de la publicité dans les officines puissent servir comme outil de santé publique, avec le Conseil national de l'ordre des pharmaciens. Des messages de santé publique pourraient y être diffusés pour que les patients puissent regarder et avoir une information.
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