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Subvention aux laboratoires Servier : une décision "incompréhensible" pour une économiste de la santé

Nathalie Coutinet, économiste de la santé, estime sur franceinfo que ce choix de subvention par l'Etat n'est "pas du tout justifié" et "absolument pas judicieux" compte tenu de la condamnation des laboratoires Servier dans l'affaire du Mediator.

Article rédigé par franceinfo
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Les Laboratoires Servier à Gidy, près d'Orléans, en avril 2014. (GUILLAUME SOUVANT / AFP)

Le versement par l'Etat d'une subvention de 800 000 euros aux laboratoires Servier dans le cadre du plan de réindustrialisation du médicament est une décision "incompréhensible", estime vendredi 25 mars sur franceinfo Nathalie Coutinet, économiste de la santé, enseignante-chercheuse à l’université Sorbonne Paris Nord. "Évidemment, il paraît nécessaire de relocaliser une partie des produits pharmaceutiques sur le territoire français, voire européen, mais ce n'est peut-être pas le bon laboratoire et les bons médicaments", pointe Nathalie Coutinet.

Un choix de subvention "absolument pas judicieux"

L'économiste critique un choix de subvention "pas du tout justifié" et "absolument pas judicieux", compte tenu "du fait que le laboratoire Servier a été condamné pour tromperie". Elle souligne aussi que les médicaments concernés "ne présentent pas d'intérêt thérapeutique majeur, ce sont des médicaments qui sont jugés tellement peu utiles qu'ils ne sont pas remboursés par la Sécurité sociale." En effet, certains des médicaments produits dans l’usine concernée, celle de Gidy (Loiret) sont jugés inutiles voire dangereux par les autorités de santé, comme l'a révélé cette semaine Le Canard enchaîné.

"Peut-être qu'il faut un peu plus de temps pour mieux cibler les molécules qu'il conviendrait de fabriquer sur le territoire", commente Nathalie Coutinet, également co-auteur avec Philippe Abécassis de Economie du médicament publié en 2018 aux éditions de la Découverte. "Si on doit relocaliser des molécules, c'est évidemment les médicaments thérapeutiques majeurs qui sont le plus fréquemment en pénurie, argumente l'enseignante-chercheuse. Il s'agit souvent d'anticancéreux, parfois aussi de vaccins qui ont des intérêts dans le cas de certains cancers."

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