"Une menace potentielle pour la santé publique" : un Français sur quatre a déjà été confronté à une pénurie de médicaments
France Assos Santé publie les résultats d'une enquête sur la pénurie de médicaments en France, que franceinfo vous révèle. Ces ruptures de stocks ne sont pas sans impact sur la santé.
Un Français sur quatre a déjà été confronté à une pénurie de médicaments, alerte jeudi 17 janvier France Assos Santé en publiant les résultats d’une enquête réalisée par l’institut BVA et que franceinfo dévoile. Par ailleurs, moins d’un Français sur deux (41%) s’estime bien informé des médicaments et vaccins faisant l’objet d’une pénurie.
"Au-delà du risque évident pour la santé individuelle des personnes, ces pénuries de vaccins constituent une menace potentielle pour la santé publique", estime Alain-Michel Ceretti, président de France Assos Santé, organisme représentant les usagers du système de santé. "C’est le principal enseignement de cette enquête : 25% des répondants se sont en effet déjà vu refuser la délivrance d’un médicament ou d’un vaccin pour cause de pénurie. Ce taux monte à 31% pour les personnes atteintes par une affection longue durée (ALD)" s'alarme l'association.
Augmentation des symptômes voire hospitalisation pour les victimes de ces pénuries
Selon cette enquête, la pénurie de médicaments a eu un impact réel sur le traitement des Français qui en ont été victimes. 45% des personnes ont été contraintes de reporter leur traitement, de le modifier, voire d’y renoncer ou de l’arrêter, avec pour conséquences : augmentation des symptômes dans 14% des cas, erreurs dans la prise de médicaments de substitution (4%) et plus inquiétant encore, hospitalisation nécessaire pour une personne sur vingt (4% en population générale, 5% pour les personnes en ALD). Les principales ruptures d’approvisionnement concernent des vaccins (36%), des médicaments contre l'hypertension (13%) et ceux contre les troubles neurologiques (7%).
56% des Français attribuent la raison de la pénurie aux industriels du médicament, qui privilégieraient la production de certains médicaments ou vaccins au détriment d’autres. Les pouvoirs publics (13%) et les grossistes répartiteurs (14%) sont également mis en cause. "Nous demandons une information claire et transparente sur les causes de ces ruptures, les plans de gestion des pénuries (PGP) mis en place, ainsi que sur les sanctions imposées en cas de manquement aux obligations de notification et de mise en œuvre de ces plans" réclame l'association.
Une harmonisation européenne possible ?
"Des mesures correctrices sont annoncées de longue date (stocks de sécurité, sites back-up, recherche de fournisseurs alternatifs) mais aucune n’a réellement été mise en œuvre avec succès" dénonce France Assos Santé. "Nous demandons aux pouvoirs publics et aux autorités de régulation de faire leur travail, et qu’enfin les politiques publiques soient harmonisées à l’échelle européenne", explique Alain-Michel Ceretti. "Les mécanismes de fixation des prix, le conditionnement et l’association de traitements et de vaccins diffèrent en effet très largement d’un pays à l’autre, entravant de fait une répartition adaptée et cohérente des produits de santé au sein de la communauté européenne."
Enquête réalisée par BVA par téléphone du 29 novembre au 1er décembre 2018 auprès d'un échantillon de 955 répondants représentatif de la population française.
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