Un membre de l’Académie de pharmacie demande à "retirer complètement du marché" les médicaments anti-rhume

Si les accidents sont peu fréquents, reconnaît Alain Astier, "le rapport bénéfice-risque est extrêmement défavorable", pointe-t-il.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le peanneau lumineux d'une pharmacie. Image d'illustration. (MOURAD ALLILI / MAXPPP)

"Il faut complètement les retirer du marché", demande vendredi 22 novembre sur franceinfo Alain Astier, membre de l’Académie de pharmacie, alors que l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) plaide pour la fin de la vente libre dans les pharmacies des médicaments anti-rhume, accusés depuis plusieurs années de provoquer de graves effets secondaires comme des AVC et des infarctus. "Il est grand temps. Ça fait des années que beaucoup de collègues" dans des rapports "ont montré la dangerosité et l'inutilité finale de ce type de produits", a-t-il expliqué.

Actifed, Dolirhume, Rhinadvil, Humex ont tous en commun de contenir la molécule pseudoéphédrine qui entraîne une vasoconstriction, un rétrécissement des vaisseaux sanguins, ce qui peut provoquer des AVC et des infarctus. "C’est vrai que ces accidents ne sont pas très fréquents, mais le rapport bénéfice-risque est extrêmement défavorable", dit-il. Selon lui, "il faut aller jusqu'au bout du raisonnement. Ou bien ces produits ont un intérêt et, à ce moment-là, il faut les garder, ou bien, ils n'ont pas d'intérêt", donc "il faut franchement complètement les retirer du marché".

L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) avait déjà alerté l’année dernière sur la dangerosité de ces médicaments. "Déjà éviter leur accès libre me semblerait un gros progrès", dit Alain Astier. Il assure que les médecins généralistes ne prescrivent pas ce genre de médicaments : "Je ne vois pas l'intérêt pour un médecin. Donc pourquoi le garder ? Ce sont toujours des demi-mesures, autant retirer ça du marché", affirme-t-il. Mais cela n’est pas si simple, surtout qu’il existe un désaccord sur le sujet entre les autorités sanitaires françaises et européennes. "Au niveau de la santé et pour des raisons notamment de sécurité, une agence locale d’un pays européen peut déroger à la règle européenne. Il faut aller jusque-là", incite-t-il.

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