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Mobilisation des écoutants du 115 : c'est un métier "indispensable mais très mal payé", selon le président de la Fédération des acteurs de la solidarité

Les écoutants du Samu social se mobilisent, mardi, pour réclamer notamment de toucher la prime Ségur, comme d'autres travailleurs sociaux et personnels soignants.

Article rédigé par franceinfo
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Les écoutants du Samu social se mobilisent toute la journée du mardi 15 novembre à travers des portes ouvertes, débrayages et rassemblements. (SEBASTIEN JARRY / MAXPPP)

Le président de la Fédération des acteurs de la solidarité, Pascal Brice, estime mardi 15 novembre sur franceinfo qu'il faut "une reconnaissance sur le plan salarial" pour les écoutants du Samu social, qui se mobilisent toute la journée à travers des portes ouvertes, débrayages et rassemblements. Ils réclament notamment de toucher la prime Ségur, comme d'autres travailleurs sociaux et personnels soignants.

franceinfo : Les écoutants du 115 parlent de conditions difficiles, comment cela se traduit-il au quotidien ?

Pascal Brice : Cela signifie que ce sont des femmes et des hommes qui, tous les jours, sont à l'écoute de personnes et de familles à la rue, avec souvent la possibilité de débloquer les situations, mais très souvent aussi l'obligation d'expliquer aux personnes qu'il n'y a pas de solution, car on manque encore de places d'hébergement dans le pays. Ce sont ces conditions-là qui sont extrêmement pénibles, difficiles. On me disait récemment au 115 à Bordeaux : "Au bout d'une semaine, toutes celles et ceux qui ont commencé leur travail vont au fond du couloir pleurer", parce que c'est un métier difficile.

"Il y a vraiment une question de reconnaissance qui est posée, notamment sur le plan salarial. Vous êtes à peu près à 1 500 euros par mois."

Pascal Brice, président de la Fédération des acteurs de la solidarité

à franceinfo

Ce que les écoutants du 115 veulent souligner aussi aujourd'hui avec leur mouvement, c'est la nécessité qu'il y ait dans ce pays de l'hébergement d'urgence, de l'accompagnement social. Le gouvernement nous a en partie entendus en ne réduisant pas un peu plus les places [d'hébergement] dans le pays, mais vous avez chaque soir au minimum 6 000 personnes, dont 2 000 enfants, qui sont à la rue.

Y a-t-il, par conséquent, un manque d'écoutants ?

Aujourd'hui, les 115 ont le plus grand mal à recruter, ce qui est une réalité commune à l'ensemble du travail social. Vous avez des métiers indispensables à la cohésion du pays, à l'accompagnement des personnes dans la pauvreté, des femmes victimes de violences, des gens à la rue, mais difficiles et très mal payés. Donc, on a un vrai problème dans ce pays de crise d'attractivité dans le travail social et notamment pour les écoutant du 115.

Quelles sont les demandes des écoutants ?

Le principal, c'est de bénéficier de ces primes dites Ségur, dont ont heureusement bénéficié la plupart des personnels soignants et un certain nombre de travailleurs sociaux. Mais les écoutants du 115, comme d'autres dans le travail médico-social, ont été oubliés. Ils demandent à bénéficier de ces primes de 183 euros par mois. Ils demandent aussi une révision des conventions collectives, une amélioration des perspectives de carrière, ainsi qu'une promotion, une défense, une valorisation de ces métiers à hauteur de leur utilité sociale.

On a une indication de réponse. La Première ministre Elisabeth Borne s'est montrée attentive, le ministre du Logement aussi. Maintenant, nous attendons des actes, qui soient tout simplement que cette prime mensuelle bénéficie aussi aux écoutants du 115 comme à l'ensemble des travailleurs sociaux de ce pays.

Craignez-vous qu'il y ait un sentiment de double traitement entre les soignants et les travailleurs sociaux ?

Oui. Il faut vraiment que, pour la cohésion du pays, on ait une revalorisation qui bénéficie aussi à ces catégories de travailleurs sociaux, notamment aux écoutants du 115, qui n'ont pas eu d'autre solution aujourd'hui que de faire des journées portes ouvertes, car ils veulent faire connaître leur métier, mais aussi dans certains cas des formes de grèves. Ils prennent les appels pour les personnes victimes de violences, mais ils sont contraints dans certains cas à être en grève, et je peux vous dire que pour eux, c'est une décision lourde de sens.

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