Pour la première fois, un enfant naît de deux femmes et un homme
Une équipe médicale internationale a utilisé une technique inédite de transfert des matériaux génétiques du noyau pour éviter que la mère ne transmette à son enfant des gènes défectueux responsables du syndrome de Leigh.
La technique est controversée. Le premier bébé conçu grâce à une technique consistant à utiliser l'ADN de trois personnes dans l'embryon est né en avril dernier, affirme l'American Society for Reproductive Medicine (ASRM) (en anglais), mardi 27 septembre. Cette première mondiale avait été dévoilée par le magazine scientifique britannique New Scientist (en anglais) dans sa dernière édition. Selon le New Scientist, le petit garçon se prénomme Abrahim et ses parents sont jordaniens, mais ni le magazine ni l'ASRM n'ont révélé leur identité.
Une équipe médicale internationale menée par le docteur John Zhang, du New Hope Fertility Center à New York, a utilisé une technique inédite de transfert des matériaux génétiques du noyau pour éviter que la mère ne transmette à son enfant des gènes responsables du syndrome de Leigh, précise le communiqué de l'ASRM. Ce syndrome est un trouble métabolique héréditaire rare qui se caractérise par la dégénérescence du système nerveux central. Il est dû à des gènes défectueux situés sur l'ADN mitochondrial, qui n'est transmis que par la mère.
L'ADN de deux femmes dans un ovule
Cette technique de conception assistée n'est pas autorisée aux Etats-Unis, ce qui a conduit l'équipe médicale à réaliser cette procédure au Mexique, où l'enfant est venu au monde. Les médecins ont prélevé le noyau de l'ovule de la mère et l'ont implanté dans l'ovule d'une donneuse dont le noyau avait été retiré. L'ovule ainsi obtenu (constitué de l'ADN nucléaire de la mère et de l'ADN mitochondrial de la donneuse) a ensuite été fécondé par le sperme du père.
La femme qui a bénéficié de cette technique de procréation avait déjà transmis ses gènes du syndrome de Leigh à ses deux précédents enfants, tous deux morts de cette pathologie. Elle avait aussi fait deux fausses couches. Dans la mesure où l'ADN mitochondrial est transmis seulement par la mère, cette technologie permet de minimiser la transmission de gènes maternels défectueux, explique l'ASRM.
Elle précise que l'équipe médicale a pu féconder cinq ovules avec du sperme du père, dont quatre étaient viables. Parmi ceux-ci, l'un était normal et les médecins l'ont réimplanté dans la mère. "Ces travaux représentent une avancée importante en médecine de la reproduction car les maladies mitochondriales restent un problème important et difficile", estime le docteur Owen K. Davis, président de l'ASRM.
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