Pénurie de pharmaciens : "Nous espérons que l'hémorragie va s'arrêter", affirme le doyen de la faculté de pharmacie de Paris
"Nous espérons que l'hémorragie va s'arrêter, mais ça vient s'ajouter à une pénurie de pharmaciens en exercice qui, déjà, pénalise la population", s'inquiète mercredi 28 février sur franceinfo le doyen de la faculté de pharmacie de Paris et président honoraire de l’Académie nationale de pharmacie, Jean-Louis Beaudeux. Face à la baisse du nombre d'étudiants en pharmacie, les professionnels s'inquiètent. Plus de 1 100 places sont restées vacantes en 2022 en deuxième année de pharmacie, 500 en 2023.
"Au sein de la faculté de pharmacie de Paris, nous avons perdu 300 étudiants il y deux ans, environ une trentaine l'année dernière", pointe Jean-Louis Beaudeux. La faute, selon lui, à la réforme d'entrée dans les études de santé de 2020 qui a réorganisé l'accès aux études de santé, remplaçant la première année commune (Paces) par deux filières distinctes, le Pass (parcours spécifique accès santé) et la LAS (licence accès santé). "Trouver le bon chemin pour arriver en deuxième année de pharmacie" est difficile, fait-il remarquer, s'inquiétant d'une "perte de visibilité de la formation". "Il faut qu'un lycéen puisse entrer dans les études de pharmacie de façon directe et non pas par des voies détournées et très généralistes telles que le Pass", a-t-il poursuivi.
De nombreux débouchés méconnus
Le manque d'information des futurs bacheliers sur les études de pharmacie et leurs débouchés est également pointé du doigt par le président honoraire de l’Académie nationale de pharmacie. "Les étudiants sont toujours tentés par la médecine et les choix de pharmacie sont par défaut et surtout sont moins réfléchis qu'avant parce que plus précipités", analyse-t-il. "Il y a des centaines de métiers qu'on ne connaît pas", assure Nicolas Savic, porte-parole de l'association des étudiants en pharmacie, citant le cas des pharmaciens hospitaliers qu'on ne voit pas, ou encore le manque d'information quant aux nombreux débouchés dans l'industrie pharmaceutique.
Plus globalement, le doyen souligne que "les conditions de vie ne sont pas toujours celles que veulent les étudiants aujourd'hui. La pharmacie, c'est le seul métier médical qui est ouvert de 9 heures à 19 heures, six jours sur sept dans la majorité des cas", a-t-il rappelé. La profession pointe à terme le risque de "déserts pharmaceutiques", alors que le pharmacien d'officine "est le premier recours médical d'une population", défend Jean-Louis Beaudeux.
"Le pharmacien d'officine, on pense que c'est un 'pousseur de boîtes' alors qu'en réalité c'est un expert de la santé publique qui conseille ses patients."
Nicolas Savic, porte-parole de l'association des étudiants en pharmacieà franceinfo
Pour mieux faire connaître les débouchés, l'association des étudiants en pharmacie intervient directement dans les lycées auprès des élèves. "Si on commence à perdre ou à raréfier ces accès de proximité en santé, effectivement on risque d'avoir de gros problèmes dans notre système de santé français", résume Jean-Louis Beaudeux.
Enfin, ce sujet est surveillé de près par le ministère de l'Enseignement supérieur, qui affirme par exemple avoir mis en place des actions de communication pour améliorer la visibilité de ces cursus dans Parcoursup. Les passerelles depuis d'autres formations, vers la pharmacie, ont également été facilitées.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.