Les infirmiĂšres exigent davantage dâautonomie
Examens médicaux, prescriptions... Un projet de décret détaillant les nouvelles compétences des infirmiÚres en "pratiques avancées", soumis à concertation jeudi au ministÚre de la Santé, n'a satisfait ni les syndicats de la profession, demandeuse d'une plus grande "autonomie", ni les organisations de médecins, soucieux de garder la main. Prévu par la loi Santé du précédent gouvernement, l'exercice en pratique avancée - avec un champ de compétences médicales élargi - fait l'objet de discussions depuis 16 mois entre les Ordres des infirmiers et des médecins et la Direction générale de l'offre de soins (DGOS).
RĂ©sultats de ces travaux, un projet de dĂ©cret et deux arrĂȘtĂ©s ont Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©s jeudi aux organisations syndicales, le nouveau gouvernement souhaitant former des infirmiers en pratique avancĂ©e (IPA) dĂšs la rentrĂ©e de septembre pour lutter contre les dĂ©serts mĂ©dicaux. D'aprĂšs ces textes, consultĂ©s par l'AFP, les IPA pourront, toujours sous le contrĂŽle d'un mĂ©decin, participer "Ă la prise en charge globale du patient", dans quatre domaines: les "pathologies chroniques stabilisĂ©es, notamment pour la prise en charge des personnes ĂągĂ©es" (AVC, diabĂšte, maladie d'Alzheimer, etc.), l'"oncologie", la "transplantation rĂ©nale", la "santĂ© mentale et la psychiatrie". "Conduite diagnostique" et "choix thĂ©rapeutiques" du parcours de soins "sont dĂ©finis par le mĂ©decin", est-il prĂ©cisĂ©.
Les médecins défendent leur pré carré
Les IPA pourront "conduire un entretien avec le patient", retracer ses antécédents médicaux et "procéder à un examen clinique" mais aussi "renouveler ou adapter des prescriptions médicales", "prescrire et interpréter" des examens de biologie, ou encore pratiquer une liste d'actes techniques "sans prescription médicale". Autant de dispositions "décevantes" pour Philippe Tisserand, le président de la FNI (infirmiers libéraux). Il a notamment déploré auprÚs de l'AFP des pratiques "totalement encadrées" par un médecin.
Ăvoquant des mesures "prĂ©occupantes", son homologue de la CSMF (mĂ©decins libĂ©raux), Jean-Paul Ortiz, a jugĂ© "fondamental que le mĂ©decin reste le chef d'orchestre". Il a demandĂ© une rĂ©vision des textes pour Ă©viter "un conflit dur". Le texte ne "balise pas avec prĂ©cision le cadre de l'exercice des IPA", s'est inquiĂ©tĂ© de son cĂŽtĂ© MG France (mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes) dans un communiquĂ©.
Le Sniil et Convergences infirmiĂšres ont plaidĂ© pour l'inclusion de la notion de "consultation infirmiĂšre" dans le texte et fustigĂ© la puissance du "lobbying mĂ©dical français", qui prive les IPA de "l'autonomie" qui les caractĂ©rise au Royaume-Uni, aux Ătats-Unis ou encore au Canada.
Plus mesuré, le président de l'Ordre des infirmiers, Patrick Chamboredon, a vanté pour l'AFP "l'introduction d'un nouvel acteur" dans le systÚme de santé.
Â
Commentaires
Connectez-vous Ă votre compte franceinfo pour participer Ă la conversation.