Qui est Tedros Adhanom, nouveau directeur de l'OMS ?
"Je veux servir les Etats-membres de l'OMS, c'est le seul programme", a déclaré après son élection le futur directeur général de cette institution internationale chargée de coordonner les réponses aux pandémies et de fixer des normes pour les systèmes de santé de tous les pays. "Remontons-nous les manches, nous pouvons y arriver".
Tedros Adhanom Ghebreyesus prendra le 1er juillet la succession de la Chinoise Margaret Chan qui a dirigé pendant dix ans cette organisation qui a son siège à Genève et emploie dans le monde quelque 8.000 personnes, ce qui en fait une des plus importantes agences des Nations unies.
Objectif : transparence
Tedros Adhanom Ghebreyesus prendra la tête d'une agence à laquelle il a notamment été reproché un manque de discernement sur la gravité d'Ebola.
Dans son intervention pour présenter sa candidature et son programme, le Dr Tedros a raconté avoir perdu, alors qu'il était enfant, un frère qui n'avait pas reçu les médicaments nécessaires. Il avait alors dit "refuser d'accepter que les gens meurent parce qu'ils sont pauvres". "Je fais les promesses suivantes : travailler sans relâche pour concrétiser la promesse de garantir la couverture sanitaire universelle, veiller à ce qu'il y ait des ripostes solides dans les situations d'urgence". En outre, le médecin éthiopien a promis qu'il renforcerait "la santé et l'autonomie des pays" et mettrait "la transparence au coeur de l'OMS".
Dans une interview publiée sur son site internet, il avait indiqué qu'il poursuivrait les réformes engagées par l'OMS après la crise d'Ebola, tout en essayant d'améliorer son mode de financement, pour lui permettre d'être plus réactive. Sa priorité absolue est de "garantir une couverture santé universelle", avait-il promis.
Médecin et homme politique
Titulaire d'un doctorat de l'université de Notthingham, en Angleterre, Tedros Adhanom Ghebreyesus était devenu ministre de la Santé de l’Ethiopie en 2005, avant d'être ministre des Affaires étrangères (2012-2016).
Sous son mandat, les installations sanitaires dans ce pays très pauvre de la Corne de l'Afrique se sont grandement améliorées, avec la construction de milliers de cliniques et l'accent mis sur la nécessaire proximité des services de santé.
Ces initiatives ont contribué à réduire des deux tiers la mortalité infantile entre 1990 et 2015 et à une baisse de 75% des décès dus au paludisme sur la même période.
Élu en dépit des controverses
Tedros Adhanom Ghebreyesus est parvenu à esquiver une controverse de dernière minute, quand un conseiller de son rival britannique David Nabarro l'a accusé, dans un entretien avec le New York Times, d'avoir dissimulé trois épidémies de choléra quand il était ministre de la Santé. Selon le gouvernement éthiopien, ces trois épidémies mortelles (2006, 2009, 2011) n'étaient pas des épidémies de choléra, mais de diarrhée aqueuses aiguë, l'un des symptômes de la maladie.
La reconnaissance officielle de l'existence d'une épidémie de choléra aurait pu inciter les partenaires commerciaux de l’Ethiopie à bloquer ses produits d'exportations par peur d'une possible contamination et aussi nuire au tourisme éthiopien. Une nouvelle épidémie de diarrhée aqueuse aiguë affectant 16.000 personnes dans la région de l'Ogaden (sud-est), majoritairement peuplée d'habitants d'ethnie somali, a été officiellement déclarée par l'Ethiopie en avril 2017.
Tedros Adhanom Ghebreyesus a également été critiqué par des dissidents éthiopiens, qui l'accusent d'avoir été complice dans la répression par le gouvernement d'un mouvement de contestation dans les régions Oromo et Amhara, ayant officiellement coûté la vie à 669 personnes en 2016.
avec AFP
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